© Belga

La « Fédération Wallonie-Bruxelles » n’est pas bonne pour la stabilité du pays

La « Fédération Wallonie-Bruxelles », le nouveau nom de la Communauté française, risque de déboucher sur d' »importants problèmes institutionnels et politiques » si les partis francophones cherchent à lui donner un ancrage constitutionnel, a déclaré mercredi le ministre-président flamand, Kris Peeters, devant le parlement flamand.

M. Peeters a répété son point ce vue exprimé en 2008 sur cette dénomination, qu’il considère comme « une proposition bizarre et de longue portée qui n’est pas bonne pour la stabilité du pays ».

Le ministre-président avait écourté une mission économique au Brésil pour participer à un débat d’actualité sur les dernières bisbilles communautaires, en particulier la polémique suscitée par ses propos sur le statut de Bruxelles. Mais les débats ont essentiellement porté mercredi sur la Fédération Wallonie-Bruxelles et sur l’opportunité du retour précipité de M. Peeters.

Le week-end dernier, M. Peeters a réaffirmé dans la presse que la Région bruxelloise ne serait jamais une « région à part entière » et que les Communautés flamande et française devaient y jouer un rôle important.

La majorité des partis flamands partagent cette vision, inscrite dans la note Octopus qui reprend les revendications communautaires de l’exécutif flamand, en annexe à l’accord de gouvernement régional.

Les députés du sp.a et le CD&V ont dit ne pas comprendre pourquoi Kris Peeters avait écourté sa mission au Brésil pour assister au débat.

« Un séisme s’est-il produit? Une centrale nucléaire aurait explosé? Une nouvelle crise bancaire est-elle survenue? Une entreprise flamande a-t-elle fait faillite? Non, le ministre-président a donné une interview le week-end dernier… Une interview dans laquelle il n’y avait rien de neuf. Beaucoup de bruit pour rien », a commenté le chef de groupe CD&V Ludwig Caluwé.

Dans les couloirs du parlement, Kris Peeters a affirmé que son retour était justifié par son « respect pour le parlement », mais jugé toutefois que s’en était fini pour lui de ces retours prématurés. Le ministre-président flamand avait déjà écourté des missions en 2008 pour la crise bancaire ainsi que l’an dernier pour le dossier Opel.

Depuis les rangs de l’opposition, Groen! et l’Open Vld n’ont pas spécifiquement critiqué le contenu des déclarations de Kris Peeters sur Bruxelles, mais bien la forme et le timing de cette sortie.

« Vous auriez dû communiquer de manière plus intelligente », a reproché Luckas Van der Taelen (Groen! ). Par ses propos, Kris Peeters a donné aux francophones « le prétexte rêvé pour caricaturer la vision flamande sur Bruxelles », selon le député écologiste flamand.

« Après neuf mois d’impasse, de provocations et de déclarations intempestives des deux côtés de la frontière linguistique, il n’était pas besoin de telles déclarations », a enchaîné Sven Gatz (Open Vld).

« Cela vaut tant pour la vice-première ministre Joëlle Milquet (qui a averti samedi que l’offre francophone pour une réforme de l’Etat expirait à la fin de l’été, NDLR) que pour le ministre-président wallon Rudy Demotte (qui a annoncé lundi le passage à la Fédération Wallonie-Bruxelles, NDLR), et pour vous aussi », a ajouté le député libéral à l’adresse de Kris Peeters.

Ce dernier dit ne pas comprendre les remous suscités par ses propos. « Il n’y a rien de neuf sous le soleil, je voulais simplement clarifier auprès des francophones ce qui nous importait », s’est-il défendu.

Il a répété que la Flandre ne lâcherait pas Bruxelles et qu’elle y investit chaque année 670 millions d’euros.

Le passage à la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a selon lui « aucune conséquence juridique ».

« D’un côté on veut faire de Bruxelles une troisième région entièrement autonome, à part entière, grâce à un refinancement structurel qui doit passer par le fédéral, et donc aussi par des moyens flamands.

D’un autre côté, on veut une Fédération wallo-bruxelloise au sein de la fédération belge, sans tenir compte de la fonction de capitale (de Bruxelles) ni des Flamands bruxellois, de leur présence et de leur participation dans les institutions politiques bruxelloises », a commenté Kris Peeters.

Le débat d’actualité s’est ensuite enlisé dans des jeux de procédure et des digressions sur l’enseignement à Bruxelles. Le député CD&V Robrecht Bothuyne s’est alors emporté. « J’éprouve un sentiment croissant de honte par procuration à l’égard de ceux qui ont pris l’initiative de ce débat. Il n’est pas à la hauteur de ce parlement, nous nous rendons ridicules », a-t-il jugé.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire