Stan De Spiegelaere

« La faiblesse syndicale nuit à vos finances »

Stan De Spiegelaere Stan De Spiegelaere est chercheur à la KuLeuven et membre du think tank Poliargus.

La Belgique est une exception européenne en matière de présence syndicale : les syndicats restent forts et continuent à attirer des membres.

En avril dernier, l’histoire de Dan Price a fait le tour du monde. Ce CEO américain a en effet décidé de réduire considérablement sa rémunération et d’augmenter fortement le salaire minimum de ses employés. Malheureusement, cet exemple est l’exception qui confirme la règle. Et cette règle est la suivante : l’inégalité entre ceux qui gagnent bien leur vie et les autres se creuse et le rôle déclinant des syndicats en est une des causes principales.

Syndicat = moins d’inégalité

C’est du moins ce que révèle une note récente de quelques chercheurs du FMI. On sait déjà que dans les pays où les syndicats sont forts, l’inégalité salariale est moins importante. La raison se situe surtout dans l’influence politique des syndicats. Là où ils sont forts, le mouvement ouvrier organisé permet une politique plus redistributive.

Syndicat et/ou politique

Ne pourrait-on pas simplement mener une politique qui limite les excès de l’inégalité, tant pour le bas que pour le haut de l’échelle, sans avoir besoin de syndicats ? À ce sujet, l’étude du FMI est ambivalente. D’une part, certains types de politiques (allocations de chômage élevées ou réglementation de travail stricte) n’exercent pas d’effet clair sur l’inégalité, mais d’autre part, l’effet de la présence syndicale sur l’inégalité passe par son influence sur la politique (redistributive ou non). La présence syndicale est donc importante pour son influence générale sur la politique, pas par l’exigence ou le blocage de certaines mesures spécifiques.

En Europe, l’affaiblissement des syndicats a été payé cash par la classe moyenne et rien ne garantit qu’il n’en sera pas de même en Belgique

Qu’en est-il de la Belgique?

La Belgique est une exception européenne en matière de présence syndicale : les syndicats restent forts et continuent à attirer les membres. Nous figurons systématiquement parmi les pays les moins inégaux d’Europe. Pourtant, chez nous aussi les syndicats sont souvent sur la défensive. On leur reproche de défendre uniquement les intérêts de leurs membres, de bloquer le changement et récemment leur influence sur la politique a également été mise en cause. En Europe, l’affaiblissement des syndicats a été payé cash par la classe moyenne (très large) et rien ne garantit qu’il n’en sera pas de même en Belgique.

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