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La dernière élection pour le FDF ?

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Le 25 mai, pour la première fois depuis vingt ans, le FDF se présentera en solo à une élection législative. Pour le parti fédéraliste francophone, la date pourrait aussi être le jour 1 de l’après-Maingain. Avec un probable changement de sigle à la clé.

A un mois des élections régionales, fédérales et européennes, aucun dirigeant politique n’est aujourd’hui serein. Parce que les perdants plongeront en enfer pour cinq ans.
Chez les Fédéralistes démocrates francophones (FDF), l’enjeu prend une tournure plus existentielle encore. Parce que le parti est confronté à quatre défis, qui peuvent être autant d’obstacles :

– l’apprentissage de la vie politique en solo, après deux décennies d’union libre avec l’ex-partenaire libéral ;
– l’enracinement sur le terrain wallon, alors que depuis sa fondation en 1964, le parti s’est cantonné à l’espace bruxellois ;
– la relève, après dix-neuf années de présidence exercée par Olivier Maingain ;
– la mue en un parti généraliste, moins centré sur les thématiques institutionnelles, ce qui impliquera peut-être un changement de nom.

Le FDF a toujours su surmonter les revers et les ressacs mais Olivier Maingain concède une certaine fragilité de sa formation : « Nous sommes tellement peu ancrés dans le pouvoir qu’à chaque élection, le parti joue son avenir. » A la différence du PS, du MR et du CDH, les fédéralistes francophones ne peuvent s’adosser, pendant les périodes de vaches maigres, sur un pilier syndical et mutuelliste. Ils ne disposent pas non plus d’un large réseau d’obligés dans la haute administration et les entreprises publiques. « C’est comme si nous devions en permanence démontrer notre raison d’être, développe Olivier Maingain. En même temps, je relativise. A l’université, de nombreux amis me prédisaient déjà la dissolution du FDF dans les deux ou trois ans. »

Emmené par Didier Gosuin en Région bruxelloise et par Olivier Maingain à la Chambre, le FDF s’est donné un objectif clair : devenir la troisième force politique dans la capitale, derrière le PS et le MR, jugés hors d’atteinte, mais devant le CDH et Ecolo. « Je trouve que nous devons dépasser les 12 %, voire les 13 %. Voilà le pivot », ajoute Olivier Maingain.

Le 25 mai, le FDF vivra aussi une forme de baptême du feu en Wallonie. « Une fourchette entre 3 et 5 % sur l’ensemble de la Wallonie serait déjà un bon point de départ », estime Olivier Maingain. L’ancrage wallon du FDF n’est pas qu’une question d’arithmétique ou de futures échéances électorales. C’est l’identité-même du parti qui est en jeu. L’image de celui-ci est à ce point liée à Bruxelles que certains mandataires doutent qu’il parvienne un jour à s’implanter en Wallonie.

Par ailleurs, le FDF tâtonne encore dans la clarification de son profil idéologique. Dès lors, plutôt que d’occuper tel ou tel créneau sur l’axe gauche-droite, il met en avant un style, une façon de faire de la politique. Son slogan de campagne (« Vrais et sincères ») illustre cette stratégie. Le FDF serait, à l’en croire, le parti qui ne ment pas, celui qui ose dire les vérités qui dérangent. « A la différence des autres, le FDF n’est pas un marchand d’illusions, affirme Didier Gosuin. Je suis parfois gêné quand j’entends, lors des débats, mes collègues PS, MR, CDH et Ecolo multiplier les propositions farfelues. Cette manière de faire de la politique est en train de se casser la gueule. Les partis continuent à aligner les promesses, mais en réalité, le marché de la promesse est mort. Le citoyen n’y croit plus. »

Enfin, au sein du parti, certains plaident pour en modifier le nom, afin de montrer que le FDF ne se soucie pas seulement des enjeux institutionnels. « C’est une question qui est posée, confirme Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek. Certains estiment que le sigle FDF reste marqué par des combats du passé et qu’en changeant la marque, on pourra mieux se positionner comme force politique pour l’ensemble de la Communauté française. »

Le triple scrutin du 25 mai sera donc, peut-être, le dernier du FDF sous sa forme actuelle. Il s’agira aussi, sans doute, de l’ultime combat d’Olivier Maingain en tant que grand stratège des fédéralistes francophones. A la tête du parti depuis 1995, le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert est actuellement le plus ancien président du pays. Il assure ne pas vouloir jouer les prolongations. « A ce stade, mon penchant naturel est de dire qu’il est temps de passer le témoin », confie-t-il. Si l’inclinaison se confirme au lendemain des élections, le FDF s’engagerait alors dans une nouvelle ère.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier intégral.

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