© Belga

« La construction de la nation flamande est pratiquement achevée »

Le courrier hebdomadaire du Crisp constate dans son dernier numéro le parachèvement de la nation flamande à l’aune de la théorie de l’historien tchèque Miroslav Hroch selon lequel le processus de construction d’une petite nation dans un Etat-nation dominant est couronné de succès s’il reflète en grande partie la composition sociale de cette nation émergente.

Le courrier hebdomadaire du Crisp constate dans son dernier numéro le parachèvement de la nation flamande à l’aune de la théorie de l’historien tchèque Miroslav Hroch selon lequel le processus de construction d’une petite nation dans un Etat-nation dominant est couronné de succès s’il reflète en grande partie la composition sociale de cette nation émergente.

Les historiens flamands Bruno De Wever, Frans-Jos Verdoodt et Antoon Vrints à l’origine de cette analyse soulignent que l’issue de ce processus sera largement déterminée par le contexte européen, voire mondial.

« La construction de la nation flamande (…) est pratiquement achevée », observent les trois historiens. « Reste à savoir si ce processus est irréversible et s’il doit aussi sonner le glas de l’Etat belge » qui reste largement soutenu par les partenaires sociaux dont les intérêts se retrouvent dans les structures belges telles que la sécurité sociale.

Le président de la N-VA Bart De Wever cite lui-même Miroslav Hroch lorsqu’il affirme que le projet de son parti vise l’objectif d’une « Flandre en tant que moyen et non en tant que but ». Son frère Bruno De Wever et les historiens notent que « seule une petite minorité de l’opinion publique » est favorable au « projet séparatiste ». En fonction du contexte ou du sujet, le sentiment d’appartenance à la Flandre ou à la Belgique prévaudra. Mais à l’heure actuelle, « l’antithèse entre la Flandre et la Belgique n’est donc toujours pas partagée par la plupart des Flamands ».

Et si « la dynamique de la nation belge à la nation flamande est claire », observent encore les trois historiens, « il est essentiel de prendre conscience de l’ouverture du processus historique ». Celui-ci sera largement déterminé par le contexte européen voire mondial, soulignent-ils. Le nationalisme demeurera un facteur de poids dans le monde de demain, assurent-ils, pointant les tensions croissantes entre « les élites cosmopolites » et « la masse de la population » sensible aux « tendances nationalistes, régionalistes ou populistes ».

D’une part, concluent les scientifiques, se revendiquant de « la mondialisation néolibérale », les élites espèrent en tirer les fruits et se soustraient de plus en plus à l’Etat-nation. D’autre part, la masse de la population voit la mondialisation comme une « menace » à son bien-être et à sa prospérité. Dès lors, il reste à voir, à l’aune de cette tension, sur quoi cette « nouvelle opposition nationale » va déboucher en Flandre et en Belgique.

Contenu partenaire