Le trio de choc (de G. à dr.), Raoul, Germain et Pierre. © Ca.L

La conférence de presse du PTB : « J’y étais et tout est vrai »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Mardi 28 mars, 11h03, on arrive un peu essoufflée au numéro 171 du boulevard Lemmonier – c’est qu’il est long ce boulevard – pour la conférence de presse du PTB. Peter Mertens, le président, tient déjà le crachoir dans la salle de presse baignée en partie par le soleil. C’est qu’on est ponctuel au PTB.

Le parterre de journalistes et de photographes est bien garni. Ils sont une petite vingtaine à s’être déplacés pour écouter la réaction du Parti des Travailleurs Belges au dernier sondage qui propulse le PTB deuxième force politique du pays en Wallonie. Le ténor du parti tient un discours bien huilé de « rupture avec le néolibéralisme, la loi du profit et le capitalisme ». Mais nous, ce qu’on veut surtout voir et entendre, c’est le ou la nouvelle porte-parole du PTB pour le sud du pays.

Notre patience n’aura pas été mise à rude épreuve. 11h15. Raoul Hedebouw, le porte-parole national lance sur un ton jovial après quelques platitudes de circonstances: « Je vous présente Germain Mugemangango, le nouveau porte-parole francophone du PTB« . Tadaaaam, d’un pas assuré, un homme élancé vêtu d’un élégant costume bleu foncé et d’une chemise bleu clair se lève de l’assemblée. On se croirait dans l’émission à succès flamande « De Slimste Mens » où Raoul s’est dernièrement fait brillamment remarquer. On aurait presque envie d’applaudir, on se retient.

L’ambiance est bon enfant. Et Raoul de lancer de son truculent accent liégeois et avec le franc-parler qu’on lui connaît: « Alors, t’es chaud boulette Germain ? ». Ce dernier, aux lunettes assorties à celles du duo de choc, déclare avec aisance et beaucoup plus de sérieux: « Il faut diversifier la porte-parolité des messages au sein du parti. Il y a des Raoul, des Peter et des Germains aussi« . Histoire de marquer par la même occasion la rupture avec le style de communication de ses camarades ?

Germain, 40 ans (il en parait 30) est politologue. Il est président de la section hennuyère du PTB. Le message est clair: montrer qu’il existe une belle diversité au sein du parti. Et permettre aussi, dans la foulée, à Raoul, parfaitement bilingue, de passer plus de temps sur le terrain en Flandre. Notamment à Anvers, où le PTB ne manque pas de mettre en avant sa montée à la quatrième place avec 10% d’intentions de vote. Bart De Wever n’a qu’a bien se tenir même si l’envolée n’est pas si spectaculaire qu’en Wallonie.

Raoul prend la pose tout sourire dans le patio.
Raoul prend la pose tout sourire dans le patio. © Ca.L

Le signal est fort. Après le succès de l’enfant d’Herstal dans son bastion ouvrier, place à la conquête du bassin carolo, touché par de récents drames sociaux, par Germain de Marcinelles. Le choix n’est pas anodin alors que Paul Magnette, concurrent frontal sur ses terres, a annoncé dans la matinée la reprise de la centaine d’hectares du site de Caterpillar pour un euro symbolique. On regrette seulement que le représentant du PTB du Pays Noir, bien que d’abord fort sympathique, n’ait pas un accent plus chaleureux, au contraire de celui plus marqué de Raoul. Et si la diversité culturelle est assurée et assumée, certains se demanderont où sont les femmes.

11h30. Les présentations faites, place aux questions/réponses. « Vous vous ralliez à quel candidat français à la présidentielle? », lance un journaliste politique aguerri. Raoul après réflexion: « La situation française est compliquée, mais on est plus proche de la politique de rupture de Jean-Luc (sic) que de celle d’Hamon. » A la question « Etes-vous pour une sortie de l’Europe ? », le porte-parole national prétend que « ce n’est pas à l’ordre du jour » même si le programme de son parti propose de renégocier fondamentalement les traités européens. RU-PTU-RE, le maître-mot.

Après une séance photo du trio qui se tortille, tout sourire, sous les flashs des photographes, place aux interviews individuelles. Des journalistes mettent le grappin sur Germain. Raoul se fait harponner pour une interview radio tandis qu’une reporter télé haute comme trois pommes pose des questions à Peter Mertens, après s’être juchée sur deux marches d’escalier pour placer le micro à sa hauteur.

Un photographe propose alors à Raoul, car c’est toujours bien lui qui conserve visiblement le plus d’intérêt médiatique, de poser dans la petite cour intérieure du siège du parti. Le décor est printanier, avec quelques jonquilles à l’avant-plan assorties, ça tombe bien, aux carrelages du patio. Et la star du PTB, toute guillerette, de rigoler, rigoler en montrant son meilleur profil. C’est qu’il faut savourer ces petits moments de gloire. Profiter, car le vent tourne vite.

11h58. La conférence de presse est pliée. Efficace. Une chose est sûre, on ne perd pas de temps au PTB pour se lancer, ou du moins, communiquer sur ses nouveaux défis.

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