Guido Fonteyn

La collaboration armée était plus importante en Wallonie qu’en Flandre.

Pas vraiment géniale l’idée lancée par le Pr Philippe Van Meerbeeck dans divers journaux, dont De Standaard, de remettre sur la table la question de l’amnistie et d’effacer ainsi définitivement cette souillure de la mémoire collective des Flamands, pour que ceux-ci puissent se sentir de nouveau pleinement chez eux en Belgique.

GUIDO FONTEYN, Journaliste indépendant et essayiste

Ce faisant, Van Meerbeeck ne fait que confirmer et consolider le cliché qui voudrait que la collaboration fût un phénomène limité à la seule Flandre. Il se fourvoie complètement. La collaboration armée était plus importante en Wallonie qu’en Flandre. Témoin l’ouvrage Ils ont pris les armes pour Hitler (1), de l’historienne francophone Flore Plisnier, conseillère scientifique aux Archives du royaume. Les médias francophones ont d’ailleurs donné peu d’écho à ce livre, peut-être parce qu’il brise le stéréotype d’une Flandre sous l’emprise de la collaboration et d’une Wallonie ne comptant que des résistants. Une amnistie accordée comme geste de bonne volonté à l’égard de la Flandre est inopportune. Van Meerbeeck a certes le mérite d’attirer l’attention sur ce dossier, mais il ne devait pas en faire un dossier communautaire. Il se trompe quand il suggère que l’amnistie conduirait à une Flandre plus accommodante dans d’autres dossiers. L’amnistie n’est pas un dossier flamand et ne peut servir de monnaie d’échange.
Dans un autre registre, prétendre que le renflouement de Bruxelles est un dossier francophone est tout aussi insensé. Que Bruxelles, de par son statut de capitale, ait besoin de plus d’argent, tombe sous le sens. A l’échelle de la planète, la Flandre et la Wallonie sont des régions négligeables : c’est Bruxelles qui leur offre l’unique accès sur le monde. Même le ministre-président flamand Kris Peeters en est conscient, encore que cet éminent responsable politique se soit mépris en insistant, d’une part, sur l’étroite union culturelle de la Wallonie et du Bruxelles des francophones, et, d’autre part, sur les solides échanges économiques entre la Flandre et Bruxelles. Il s’agit là d’une présentation doublement simpliste de la réalité. La Wallonie a tout autant besoin de Bruxelles comme capitale économique, et la Flandre a déjà fait de Bruxelles sa capitale culturelle – je songe ici particulièrement au Kaaitheater, au KunstenfestivaldesArts, au KVS et à la reconnaissance internationale dont jouissent Anne Teresa De Keersmaeker à Avignon et Frie Leysen devenue intendante du plus grand festival des arts scéniques d’Allemagne, celui de la Ruhr. Le fait que Bruxelles revendique davantage d’argent se justifie donc amplement.

(1) Editions Luc Pire. Ouvrage publié sous les auspices du CEGES. Traduction néerlandaise : Te wapen voor Hitler. Meulenhoff/Manteau.

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