Pour Aurélie Tibbaut, " l'électeur réclame clairement du changement ". © DR

La bonne gouvernance, petit enjeu des élections communales

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Quelques mois après l’éclatement des « affaires », le thème de la bonne gouvernance a sans doute pesé dans le scrutin communal. « Mais il n’a pas été déterminant », assure Aurélie Tibbaut, chercheuse en sciences politiques à l’ULB.

Le résultat obtenu par Ecolo doit-il être interprété comme le signe que les électeurs réclament davantage de bonne gouvernance ?

Le message est certes clair sur le thème de la gouvernance, mais pas uniquement. On voit que l’électeur réclame d’abord du changement et souhaite voir d’autres têtes au pouvoir. Par ailleurs, le PS se maintient globalement, alors qu’il a été fortement marqué par les affaires, notamment à la Ville de Bruxelles. Il est vrai que le bourgmestre Philippe Close avait pris une série de mesures de réforme pour améliorer la gouvernance dans sa commune. La bonne gouvernance n’est sans doute pas l’élément clé de ce scrutin mais il y a clairement une volonté de l’électeur d’aller dans ce sens à l’avenir.

Ecolo incarne-t-il plus que d’autres formations politiques cette bonne gouvernance ?

Toutes les formations politiques se sont emparées du sujet, mais Ecolo est davantage en pointe sur ce combat parce qu’il figure dans son programme depuis longtemps. Et parce que ses membres montrent concrètement qu’ils incarnent la bonne gouvernance en refusant le cumul des mandats.

Lors des négociations entre le PS et Ecolo, à Bruxelles-Ville, les verts ont déjà exigé le non-cumul de fonctions pour les membres du collège…

C’est une victoire. Les écologistes ont la main pour imposer une décision qu’ils n’avaient pas réussi à faire passer auparavant au parlement bruxellois et ils en profitent. Je ne sais pas s’ils le feront dans d’autres communes mais c’est leur cheval de bataille depuis au moins six ans.

En matière de bonne gouvernance, Bruxelles pourrait-elle constituer un laboratoire ?

Oui, c’est sûr. Vu sa taille, Bruxelles-Ville est l’une des seules communes qui peut être comparée avec de grandes entités wallonnes comme Mons ou Charleroi. Elle pourrait donc montrer l’exemple. Et le PS pourrait en profiter pour prouver qu’il peut être à la tête d’une grande ville tout en agissant en faveur d’un renouveau en matière de gouvernance.

Le thème de la gouvernance pourrait-il encore monter en puissance d’ici aux élections de mai 2019 ?

Il n’est pas exclu qu’on observe un essoufflement sur le sujet. Mais dans la mesure où les Régions sont compétentes pour l’organisation des pouvoirs locaux et que toutes les communes n’ont pas réagi comme l’a fait Bruxelles-Ville (publication de la liste des asbl, transparence sur les mandats…), le thème restera sans doute encore présent lors de la campagne pour les élections régionales. C’est moins sûr pour les autres niveaux de pouvoir car les affaires touchaient surtout les structures communales.

Ecolo risque gros ?

Oui. Les verts vont devoir faire la preuve qu’ils sont capables d’assumer le pouvoir. Ils devront par ailleurs trouver le personnel politique nécessaire pour assurer cette accession au pouvoir, alors qu’ils n’ont pas forcément de réserves. La question se posera avec plus de force encore en 2019.

La gouvernance est-elle vraiment un enjeu important pour l’ensemble des électeurs ?

C’est un enjeu cher à l’électorat d’Ecolo mais aussi à toute une série de gens déçus des partis traditionnels. Il n’est pas sûr que le citoyen lambda comprenne l’ensemble des enjeux liés à la gouvernance au niveau local. Sur le cumul des mandats, thème très médiatisé, le citoyen prend position. Mais il n’a pas forcément de vision sur toutes les sous-questions, comme la représentation dans les asbl publiques, par exemple. C’est très difficile à mesurer.

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