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La Belgique, terre d’accueil ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

 » La Belgique a montré qu’elle était une terre très accueillante (…) Nous sommes au top 5 en matière d’accueil des immigrés.  » Jacqueline Galant, députée fédérale MR, le 6 octobre 2013.

Le naufrage d’un bateau de réfugiés somaliens et érythréens au large de l’île sicilienne de Lampedusa, qui a fait au moins 235 morts et une centaine de disparus, occupait la première partie du débat de Mise au Point dimanche dernier sur la Une (RTBF). Débat qui a pris des allures de duel tendu entre la députée européenne Ecolo Isabelle Durant et sa consoeur MR fédérale Jacqueline Galant. Des deux, la bourgmestre libérale de Jurbise a glissé le plus d’affirmations chiffrées.

Passage en revue, en commençant par sa présentation de la Belgique comme une terre très accueillante.

Exact, mais… Selon une étude du think thank Itinera institute, publiée à la mi-2012, le solde migratoire belge (la différence entre immigrés et migrants) a atteint de 2001 à 2010 4,5 % de la population (1). Autrement dit, le pays a accueilli en dix ans un demi-million d’habitants de plus. Ce taux dépasse largement celui de pays réputés pour leur ouverture, comme le Royaume-Uni ou même les Etats-Unis. Il faut toutefois préciser que plus de la moitié (54 %) de cette immigration provenait d’Europe. Quant aux immigrants issus d’autres pays, une petite moitié est arrivée grâce aux regroupements familiaux. En pourcentage d' »entrants » comparé à sa population, la Belgique se classait 10e dans le dernier International Migration Outlook de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Soit au-dessus de la moyenne des 34 pays membres, mais loin derrière des pays comme la Norvège ou la Suisse (2).

« La Belgique occupe la 4e place en matière d’accueil des Syriens en Europe. »

Exact, mais… Cette affirmation émane de la secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, l’Open VLD Maggie De Block. Pas faux : avec 895 droits de résidence octroyés sur les huit premiers mois de l’année, la Belgique fait mieux qu’un pays comme la France (environ 700 depuis janvier). Mais elle se classe très loin derrière l’Allemagne ou la Suède. Cette dernière, dont la population est similaire à la nôtre, a décidé d’accueillir toutes les demandes de réfugiés syriens. Ce qui en fait quelque 14 700 depuis 2012, dont une moitié a obtenu un permis provisoire.

« (La Belgique consacrait) 0,7 % du PIB pour la Coopération au développement du temps de Charles Michel. »

Inexact, mais… Ce taux de 0,7 % d’aide publique au développement correspond en réalité à une promesse faite dans les années 1970 par tous les pays riches. La Belgique s’était engagée à l’atteindre dès 2010. Ce ne fut jamais le cas lorsque l’actuel président du MR était ministre de la Coopération au développement, de 2007 à 2011. Le maximum atteint par la Belgique au cours de cette période fut de 0,64 % en 2010 et le minimum de 0,43 % en 2007 (3). Et encore, des ONG comme le Centre national de coopération au développement (CNCD) ont dénoncé à l’époque une manipulation de chiffres, qui incluaient dans ce taux le budget destiné à l’accueil des demandeurs d’asile ou des étudiants étrangers (technique que l’OCDE tolère cependant). Il faut dire qu’entre-temps, la crise économique était passée par là.

(1) goo.gl/G7KhlQ (2) goo.gl/jK457g (3) goo.gl/ggDhcL

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