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La Belgique devient un cas d’étude pour le Congrès américain

La Belgique, longtemps considérée au sein de l’Institut de la paix des Etats-Unis (USIP) comme un modèle institutionnel de coexistence pacifique entre communautés, est désormais devenu un cas d’étude, témoignent deux chercheurs belges – l’un Flamand, l’autre Wallon – dans la dernière publication de ce centre fondé par le Congrès américain.

Jonas Claes et Valérie Rosoux, les deux seuls Belges travaillant au sein de l’USIP à Washington, ont constaté mois après mois que les questions de leurs collègues experts étaient de plus en plus nombreuses au sujet du sort de la Belgique, indique dans un communiqué l’université catholique de Louvain (UCL), où enseigne aussi Mme Rosoux.

La dernière « Peace Brief » de l’USIP a dès lors été consacrée à la Belgique, alors que cette publication mensuelle évoque d’habitude des pays ayant connu ou connaissant des conflits violents comme l’Irak, l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, l’Iran ou encore l’Egypte.

La publication résume en quelques paragraphes la situation belge. Elle affirme notamment qu' »alors que les précédentes réformes de l’Etat étaient mues par des préoccupations de société largement partagées, l’impulsion actuelle de réforme est donnée par des élites politiques flamandes ».

« Cette élite a ouvertement poussé la population flamande vers un momentum nationaliste peu commode, déclenchant une crise identitaire, divisant la population et, éventuellement, transformant une réforme institutionnelle en une prophétie auto-réalisatrice », observent les deux chercheurs belges.

Ils s’interrogeant sur l’existence d’une volonté politique, relevant qu’un accord risque d’ôter le pain de la bouche des partis nationalistes flamands, tandis que toute concession est vue par les francophones comme une perte, étant donné qu’ils ne sont pas demandeurs deréforme.

Pas de changement révolutionnaire Toutefois, la crise politique actuelle « n’est pas susceptible de déboucher sur un changement révolutionnaire », estiment Jonas Claes et Valérie Rosoux. « Vu les enjeux mutuels dans la capitale, les niveaux solides d’intégration et d’interdépendance entre les deux communautés, ainsi que les sentiments unitaires au sein de la société, la Belgique va plus que probablement se débrouiller et lentement démanteler ses structures fédérales pour accroître le pouvoir de ses communautés, Flandre et Wallonie », prédisent-ils.

L’exclusion des éléments les plus radicaux de la table de négociation, en particulier la N-VA, peut apparaître comme une porte de sortie, relèvent-ils, puisqu’elle faciliterait les efforts d’un médiateur pour rapprocher les positions et former un gouvernement d’urgence.

Mais cette exclusion fragiliserait aussi la légitimité de tout accord futur, vu le succès électoral de la N-VA en Flandre.

Jonas Claes et Valérie Rosoux prônent par ailleurs la création d’une circonscription nationale pour les élections fédérales.

Les deux chercheurs belges de l’Institut pour la Paix de Washington concluent au caractère inévitable d’une décentralisation. « Mais le mélange d’arguments identitaires et exclusifs dans les négociations politiques sur une réforme de l’Etat est nuisible dans un état social au coeur de l’Europe », selon eux.

Levif.be avec Belga

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