© Belga

La Belgique a-t-elle échappé à une catastrophe aérienne ?

Le Vif

Selon De Morgen, la Belgique aurait échappé de peu à une catastrophe aérienne le 27 mai 2015. Ce jour une gigantesque panne avait coupé toute communication avec les avions dans le ciel. En plein conflit social à Belgocontrol, cette sortie est néanmoins fort opportune.

Le mercredi 27 mai 2015, à 9h13, lors d’un test de routine, le Canac, le centre nerveux du trafic aérien qui se trouve à Steenokkerzeel, tombe en panne. Y compris les 18 consoles qui sont utilisées à ce moment précis pour guider les avions dans le ciel afin d’éviter que ces derniers ne se rentrent dedans. « C’est la panique » dit l’un des deux contrôleurs aériens qui ont témoigné de façon anonyme dans les colonnes du Morgen.

« Plus de radars, plus de contact avec les pilotes. Il ne restait que trois vieux téléphones. » À peine de quoi prévenir les aéroports des capitales voisines pour qu’ils rappellent les avions. Mais aussi ceux de Liège et Charleroi. Plus créatifs, certains contrôleurs font alors appel à l’application Flight Tracker qui permet de suivre en direct l’avion d’un proche par exemple.

Le trafic sera à l’arrêt durant 5 heures. Les pertes financières seront conséquentes. Mais cela aurait pu être bien pire si l’on croit les témoignages de deux contrôleurs dans le journal flamand De Morgen. Ils sont formels: on a évité de peu une catastrophe de grande ampleur. « Les passagers ont eu beaucoup de chance que le trafic était moindre à cause de travaux et que ce n’était pas l’heure de pointe. »

Dominique Dehaene, porte-parole de Belgocontrol, tempère: « nous n’avons jamais caché que la situation pouvait être potentiellement dangereuse et c’est pourquoi nous avons fait vider le ciel aussi vite que possible et améliorer les installations depuis. »

Dans un communiqué, la direction stipule encore qu’il n’y a jamais eu de réel danger. « Ce qui est encore confirmé par un rapport de la SMU (Safety Management Unit) qui a été réalisé suite à l’incident. La distance minimale entre chaque avion a toujours été respectée, et ce, à chaque instant. » Toujours selon ce communiqué, de nouvelles mesures ont aussi été prises pour éviter que ce genre d’incident ne se reproduise, des budgets supplémentaires ont été alloués et du nouveau personnel a également été engagé.

Deux incidents ont cependant encore eu lieu récemment. Le dernier date d’il y a deux semaines et a causé la mise à l’arrêt de tous les radars durant 40 secondes. Un autre a eu lieu en décembre lorsque les communications électroniques qui ont été quelque temps à l’arrêt précise encore De Morgen.

Un contexte social tendu

Cette annonce alarmiste de deux contrôleurs anonymes de Belgocontrol trouve sa place dans un contexte social orageux où le personnel fait des grèves ponctuelles depuis février. La raison de la grogne est une augmentation du trafic suite au fait que la ministre Galant a bradé le passage au-dessus de la Belgique en faisant baisser le prix du « miles » de 30%, et un allongement de leur temps de travail.

Les contrôleurs aériens devront en effet travailler plus longtemps. Aujourd’hui, ils peuvent être mis en disponibilité dès 55 ans, ce qui fait qu’ils sont pratiquement payés plein pot jusqu’à leur 60 ans où ils peuvent prendre leur pension. Or le gouvernement Michel souhaite imposer une limite minimale pour la pension à 63 ans, ce qui fait que la mise en disponibilité ne peut commencer qu’à 58 ans.

Leur doléance ne bénéficie pas vraiment de soutien puisque, pour beaucoup, les contrôleurs aériens utilisent leur position de force pour arracher une pension avantageuse par du chantage. Les contrôleurs aériens inspirent d’autant moins la pitié qu’ils sont bien payés avec des salaires de 9000 euros brut pour 35 heures/semaine.

A leur décharge, ils font du travail stressant, de première ligne et avec des shifts qui peuvent durer 12 jours. Un travail qui exige aussi une formation de 10 ans, tant le ciel belge est l’un des plus compliqués d’Europe avec ces avions de Schiphol, Londres, Francfort ou Paris qui se croisent à basse altitude et le Limbourg et la Campine anversoise qui sont réservés à l’armée. « Sans parler d’Elsenborn, où l’armée teste l’artillerie. Pas vraiment le meilleur endroit pour faire passer des avions » précise encore l’un des contrôleurs.

Les deux contrôleurs aériens interviewés par De Morgen lance un autre avertissement: une grande action de grève se prépare pour les départs en vacances.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire