L’½uvre de la semaine : Où est le corps ?

Le Vif

L’artiste française Orlan, née en 1947, s’est fait connaître par ses performances réalisées au coeur de blocs opératoires dans lesquels elle subissait une chirurgie volontaire du visage.

Aujourd’hui, elle investit un ancien couvent dans lequel depuis le XIIIe siècle se succédait une petite équipe d’une quinzaine de femmes de bonne famille qui avaient choisi de devenir nonnes afin de soigner les pauvres. On y trouvait donc outre le jardin où se cultivaient les plantes médicinales, une ferme, une glacière, une pharmacie et bien sûr les chambres communes, le réfectoire, les salles d’opération et une chapelle.

Aujourd’hui, le lieu est devenu musée accumulant images pieuses, documents, outils de chirurgie, clystères, bocaux à sangsues et un mobilier certes très beau mais parfois inquiétant comme ces lits protégés par de lourdes tentures rouges. La juxtaposition de cette mémoire du passé et de photos et sculptures de la plasticienne déplace le sens de la visite. Les soeurs augustines étaient pieuses. Leur engagement, même sous l’autorité du Christ en douleur réclamait la soumission et une bonne dose d’empathie.

L’oeuvre d’Orlan s’inscrit dans le combat anarchiste pour la libération du corps (et donc de l’esprit) de la femme. Par exemple, les transformations de son visage visaient à revisiter les critères de la beauté féminine à travers les images peintes dans notre Occident. Puis, elle interrogea les déformations corporelles imposées par certaines cultures comme celles du Mexique ancien.

Depuis longtemps, la femme martyre et sa représentation par les sculpteurs retient particulièrement son attention. D’où son intérêt pour les envolées baroques dont elle pointe l’érotisme sous-jacent des surfaces. Mais dessous, que laisse-t-elle deviner, désirer même du corps ? Rien. L’enveloppe ne contient que du vide. Un vide accusateur de tout un système dont l’hôpital Notre-Dame de la Rose avec ses règles de vie et ses méthodes chirurgicales était un des rouages.

Guy Gilsoul

Lessines. Hôpital Notre-Dame à la Rose.

Jusqu’au 27 octobre. Tous les jours sauf lundi.

www.notredameàlarose.com

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