© Muhka

L’½uvre de la semaine : Chicago Black

Le Vif

Ce large tableau constitué par trois zones de couleurs, deux très étroites, une plus vaste, ne vous rappelle-t-il rien ?

En 1966, le plus grand des artistes américains, Barnett Newman réalise, dans les mêmes proportions une oeuvre intitulée : « Qui a peur du rouge, du jaune et du bleu ? ». L’histoire de la peinture abstraite est alors à un tournant de son histoire. Plutôt que de viser à exprimer une émotion, une rage de vivre et pour tout dire la valorisation de l’acte héroïque (ce qui aux Etats-Unis aboutit à l’art gestuel), Newman, comme d’autres au même moment, cherche davantage à prolonger les études sur la couleur et les formes menées peu avant par les constructivistes du Bauhaus. Dans ce contexte, il vise à provoquer notre pouvoir rétinien qui donne aux teintes le pouvoir de transformer toute surface en diverses profondeurs. Le bleu s’enfonce, le jaune ressort… Mais en tentant d’atteindre une planéité totale, il projette aussi le tableau dans une dimension exceptionnelle, donc quasi religieuse. Kerry James Marshall (Alabama 1955) est un peintre noir américain. Toute son oeuvre interroge la manière dont la banque de données d’images de par le monde encadre toute définition du « Noir ». S’il s’entoure de milliers de magazines de notre temps, il s’attaque aussi à l’histoire de l’art et particulièrement à celle de la modernité dont Newman symbolise peut-être le point final. Du coup, les couleurs choisies ici reviennent avec force dans le réel puisqu’il s’agit des couleurs du drapeau pan-africain. L’exposition est une première européenne pour cet artiste peintre, dessinateur, photographe, vidéaste et collagiste de Chicago reconnu aux Etats-Unis comme un chef de file.

Anvers, Muhka. Leuvenstaat 32.

Guy Gilsoul

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