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L’orage par les navetteurs Bruxelles-Charleroi

À 17h hier, comme tous les jours, nombre de travailleurs terminent leur journée. Suite aux violents orages qui se sont abattus sur le sud de la Belgique, cette sortie de bureau va se transformer en parcours du combattant.

Dans certaines communes de la capitale, des ruisseaux se sont formés en bord de route. Bien malin celui qui avait prévu le coup et s’était muni d’un parapluie. Bon nombre subissent les pluies violentes : cheveux, vestes et pieds sont trempés. Les plus coquettes perchées sur leurs talons regrettent leur choix vestimentaire. Elles ralentissent le pas, tentent d’esquiver les flaques d’eau.

Arrivés à la gare centrale, les navetteurs ont très vite le sentiment que le retour à la maison s’annonce périlleux. Des centaines de personnes ont le nez rivé sur le grand tableau d’affichage du hall principal. Seulement trois trains sont affichés. Un message précise : « Suite à de fortes intempéries, le trafic ferroviaire est fortement perturbé, seuls sont affichés les départs confirmés, merci de votre compréhension ».

Ici et là, les oreilles se tendent vers les communications trilingues d’une agente de la SNCB. « Le train de 18h07 à destination de Namur est supprimé. Dames en heren, de trein met bestemming… ». Une jeune femme a son téléphone collé à l’oreille : « Bon je raccroche, je te tiens au courant ». De l’autre côté, un adolescent blond prend la relève : « Allo papa ? ».

Pour certains cela fait déjà 2h qu’ils trépignent dans la gare en attendant un train. Soubresaut d’espoir : « Le train à destination de Charleroi-Sud, de 18h02 partira de la voie 6″. Sur le quai, le bruit court déjà qu’il ne roulera que jusqu’à Braine L’Alleud. Qu’importe, les navetteurs exaspérés foncent : « J’en peux plus d’attendre, ca fait 2h que je suis debout, on le prend, on se rapprochera toujours un peu de la région ».

Arrivés gare du midi, des Carolos reconnaissent leurs collègues namurois : « Tiens t’essayes par chez nous ? Je te préviens, il ne va pas plus loin que Braine L’Alleud ». Moment d’hésitation : « T’es sûre ? Ici, ils ont dit Charleroi ! ». La carolo « Oui mais, non… «  « Tant pis ! » clôt le namurois dépité. Effectivement, le micro confirme que le train ne s’arrêtera qu’au premier arrêt du parcours Bruxelles-Charleroi ou au maximum, un arrêt plus loin, à Nivelles. Soit à 26 km de Charleroi.

Deux jeunes femmes sont enragées. « C’est honteux ! Je porterai encore plainte ! Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où on a été à l’heure. Et c’est moi qui douille pour un service pareil ! ». Un homme se sent l’âme de défendre le service publique, « Ce sont les arbres, mesdemoiselles ». Elles se rebiffent « Eh bien, si les arbres sont tombés avec si peu de vent, c’est qu’ils ne sont pas suffisamment entretenus. » Et son amie enchérit « mais quelle idée de laisser autant d’arbres si près des voies. Les coûts d’entretien en plus se répercutent sur le prix de notre abonnement. »

Commence alors l’énumération de leurs mauvaises expériences depuis les trois années qu’elles empruntent le train quotidiennement. Une voix féminine se fait entendre : « Dites, il y a moyen de baisser d’un ton ? »

Histoire de pimenter un peu plus la situation, le train stoppe net à quelques encablures de la gare de Braine l’Alleud. Par la fenêtre pourtant on aperçoit la station brabançonne. Quinze minutes d’attente supplémentaires pour les navetteurs exaspérés.

Beaucoup n’ont même pas à leur disposition quelqu’un prêt à se déplacer pour venir les chercher. « On va rester dans le train, quoiqu’il advienne à Nivelles ! Le train est bondé. Ils n’ont qu’à prévoir des navettes de bus à Nivelles, on ne peut pas nous laisser là! » lance un quinquagénaire. Les autres acquiescent.

Le train redémarre, tout le monde se rue sur son gsm espérant que leur héro du jour, les a attendus. Coupés du monde au préalable, la nouvelle se répand parmi les voyageurs : des troncs d’arbre couchés sur l’autoroute A54 (Charleroi-Nivelles) et sur la N5 (Bruxelles-Charleville-Mézières (fr) en passant par Charleroi), ralentissent le trafic automobile. Les conducteurs ont donc aussi pris du retard. Les navetteurs ne sont pas encore au bout de leurs peines. Pour beaucoup, il était passé 21h00 lorsqu’ils ont enfin atteint leur destination.

Eve Boidron

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