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L’oeuvre de la semaine: le théâtre de Monsieur Schinwald

Guy Gilsoul Journaliste

A première vue, on voit un homme assis sur un muret que prolonge une poutrelle. Le personnage n’est pas un ouvrier posé sur un échafaudage. Il n’en n’a ni le costume, ni l’attitude. Celui-ci parait absorbé par ses pensées…

A première vue, on voit un homme assis sur un muret que prolonge une poutrelle. Le personnage n’est pas un ouvrier posé sur un échafaudage. Il n’en n’a ni le costume, ni l’attitude. Celui-ci parait absorbé par ses pensées. Il regarde vers le bas où il n’y a rien qu’un fond de badigeon brun tel qu’on le pratiquait dans la peinture académique du XIXe siècle. Etrange. Quant à l’échafaudage, il renvoie plutôt à une pièce de bois assemblée à une autre. En un mot, à un siège. Notre héros serait donc de la race d’Alice, avec ce coeur d’enfant qui l’autorise à rêver dans toutes les situations.

Cette façon de pirouetter avec la vraisemblance et de jongler avec la surprise tout en rejoignant une manière ancienne de peindre, éveille la curiosité. D’où vient Markus Schinwald ? S’il est né à Salzbourg en 1973 et qu’il a pu promener son âme dans les extraordinaires grottes artificielles du château de Hellbrunn, c’est dans un autre théâtre, la ville de Vienne qu’il entreprend ses premières oeuvres. Travaillant à la manière des anciens portraitistes de la bourgeoisie Biedermeier, il ajoute aux visages, d’étranges prothèses. On sent poindre Mister Freud. L’effet est dérangeant. L’univers crée relève du cabinet de curiosité d’un psychiatre fasciné par la manière dont cet appendice ajouté comme le costume ou l’étole par exemple, peut exprimer les contorsions d’une âme tourmentée et muette. Mais notre créateur ne se limite pas à la seule peinture que souvent, comme à la Biennale de Venise 2011, il accroche au détour d’un véritable labyrinthe.

Au M Museum de Louvain, les toiles se découvrent au milieu d’une chorégraphie de cimaises en mouvement. Il propose aussi des films, un diorama peuplé de poupées mécaniques ou encore un décor subaquatique dans lequel, entre une architecture de tissu rouge, vont et viennent des multitudes de poissons. Pas étonnant qu’il ait été l’invité du musée du Dr Ghislain à Gand et qu’aujourd’hui il participe à une vaste exposition parisienne sur le thème de l’expérience de l’introversion (Palais de Tokyo)

Louvain. M Museum Leuven. Leoplod Vanderkelenstraat 28. Jusqu’au 8 février. Tous les jours sauf Me de 11 à 18h. Je jusqu’à 22h. www.mleuven.be

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