Le langagage des épingles, de Gerald Dederen © Gerald Dederen

L’oeuvre de la semaine: le langage des épingles

Guy Gilsoul Journaliste

Il y a le langage du bois. Celui du fruitier, de l’ébène, du frêne. Chacun possède sa propre densité, son parfum, sa capacité à se plier aux exigences de l’outil ou à lui résister. Lorsque Gerald Dederen (°1957) débute en tant que sculpteur, c’est le bois qu’il choisit.

Il y a le langage du bois. Celui du fruitier, de l’ébène, du frêne. Chacun possède sa propre densité, son parfum, sa capacité à se plier aux exigences de l’outil ou à lui résister. Lorsque Gerald Dederen (°1957) débute en tant que sculpteur, c’est le bois qu’il choisit. Il sait que dans la pratique de la taille, le geste est répétitif qu’il soit réalisé à la gouge ou à la tronçonneuse comme il apprend à le faire.

Ses oeuvres alors ont l’élan d’un tronc mais la peau est plissée et vibrante, faite d’arêtes et de creux qui emprisonnent les ombres. La texture du papier l’attire à son tour. Et là aussi, il part d’un trait puis, parfois sur de très grande largeur, le répète à l’infini créant des espaces immatériels en grisés très pâles. Cette manière de procéder l’invite à choisir d’autres matériaux. Ainsi le fil de soudure d’étain qu’il chauffe et pose au goutte à goutte ce qui qui crée peu à peu des entrelacs et des rencontres graphiques auxquelles répondent leurs ombres portées sur le mur des cimaises.

Ici, ce sont de épingles qu’il soude les uns aux autres sans idée préalable sinon celle de souder et d’assister à la lente métamorphose des petits traits argentés en de somptueux nuages suspendus dans lesquels l’oeil entre sans espoir d’en sortir indemne. On découvre aussi de nouvelles oeuvres sur papier, bleu souvent, sur lesquels, le sculpteur pose jusqu’à la saturation de noir du graphite. Comme dans les pièces en trois dimensions, le plaisir qui se dégage de ces « presque riens » nous rapproche d’une expérience par laquelle Dederen a été profondément troublé : le spectacle de la mer en ses mouvements insaisissables et ses reflets de clarté.

Liège, Galerie Quai4. Quai Churchill, 4. Jusqu’au 11 octobre. Du Je au SA de 15 à 19 heures. www.quai4.be

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