© R Minnaert

L’oeuvre de la semaine : L’oiseau bleu

Guy Gilsoul Journaliste

A près de 95 ans, Octave Landuyt, jour après jour, rejoint l’atelier et lorsqu’il ne manie pas le pinceau, c’est le crayon, le pastel sec ou encore la cire avec lesquels il tente d’approcher toujours au plus près la réalité organique et ses profonds secrets.

L’histoire du tableau remonte à l’année 1940. Il a dix-huit ans et le rouge au coeur avec autour de lui un père facteur et résistant, un oncle anarchiste qui l’emmène à l’opéra de Gand et invite chez lui les gens du cirque, une mère qui s’occupe de sa santé fragile et une curiosité viscérale qui le guide à la fois du côté des sciences, des mathématiques, de la philosophie et de l’histoire des maîtres flamands de la peinture.

Le réalisme est de rigueur et pour dire sa réflexion face à la guerre, c’est à « L’oiseau bleu » de Maeterlinck qu’il fait appel. La paix revenue, il reprend le tableau, y ajoute une épaisseur nouvelle, un éclairage plus irréel. La question du temps, de la vie et de la mort s’empare de son esprit chercheur.

Loin de toute forme de romantisme, il vise les bonnes questions du côté de la matière qu’il va observer au microscope électronique dans les laboratoires de l’université de Gand. Il oublie l’oiseau bleu, approche l’infiniment petit qu’il peint en grisailles sur de grands formats puis, peu à peu revient à la couleur, cette chimie dont, à son tour, il mesure les temporalités. Le voilà hors des mondes clos, mêlant à sa curiosité les réponses offertes par les objets venus d’Afrique, d’Océanie, du Japon et d’Amérique mais aussi des fonds sous-marins, des roches, des cristaux, des météorites. Il vise les poussières d’étoiles et, en chemin retourne à la figuration, à la peau et au regard ouvert sur le cosmos.

Au fil des ans, son oeuvre a conquis les amateurs flamands mais aussi américains. Landuyt ne se retourne pas. Pas le temps. Le temps justement et donc la poésie dont il parle souvent avec Ilya Prigogine (1917-2003). En 2014, il retrouve « L’oiseau bleu », le porte jusqu’au chevalet et reprend ses pinceaux : « Il y a tant de choses encore que je n’avais pas compris alors… ».

WM Gallery, Wolstraat 45 à Anvers Jusqu’au 15 octobre. Du jeudi au dimanche, de 13h à 18h.

www.wmgallery.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire