© courtesy of the artist and MOT international London & Brussels.

L’oeuvre de la semaine: drôle ou grinçant?

Guy Gilsoul Journaliste

Qui est ce personnage dont on ne voit que le bas du corps ? Que fait-il ? Où se trouve-t-il ? Pas dans le présent de toute manière. En tous cas, à première vue.

Qui est ce personnage dont on ne voit que le bas du corps ? Que fait-il ? Où se trouve-t-il ? Pas dans le présent de toute manière. En tous cas, à première vue. La culotte bouffante n’est plus de mise et pas davantage les longs caleçons qui lui descendent en accordéon jusqu’aux talons. Le décor à son tour ne fait pas écho à notre quotidien mais on serait bien en peine de nommer les divers éléments qui le constituent. Rideau de théâtre, mur de cuisine, enclos, jardin ??? Mais au fond de nos mémoires, ce dessin en rappelle d’autres et là, on ne se trompe pas.

Charles Billingham, né à Londres en 1984, s’inspire en effet des gravures satiriques qui ont fleuri dans l’Angleterre au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Et particulièrement celles signées James Gillray. Tout un programme. L’homme avait l’âme d’un vagabond et mourra alcoolique. Influencé par William Hogarth, ses eaux-fortes et aquatintes étaient toujours très attendues dans la vitrine du magasin dirigé par son amie. Ses cibles : toutes les formes de pouvoir. Celui de Georges III d’abord puis celui des autres, des Jacobins et de Napoléon Bonaparte par exemple. Ses satires de la société civile sont tout aussi drôles, acides et dévastatrices. L’artiste contemporain n’en livre pourtant pas les clés. Il reprend seulement une manière (dessin set couleurs) en des fragments de scène cadrées qui, de ce fait, garde leur virulence sans pointer d’objectif précis. En même temps, Il propose, à la manière d’un objet en série de pure décoration, et comme le fit Warhol avec les images de Marylin ou des chaises électriques, des variations chromatiques du même sujet. La satire d’hier prend alors une tournure plus actuelle. Un peu grinçante derrière le sourire. L’oeuvre fait partie d’une exposition de groupe (avec Philip Guston, Sarah Lucas, Martin Kippenberger…) intitulée « The Funnies ».

Légende : courtesy of the artist and MOT international London & Brussels.

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