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L’intransigeance linguistique de De Lijn provoque une fuite massive de ses annonceurs

Muriel Lefevre

Depuis qu’il est stipulé dans les statuts de la compagnie de transports que cette dernière ne peut afficher des pubs qu’en néerlandais, De Lijn est confronté à des situations ubuesques et à une fuite massive de ses annonceurs. Cette intransigeance linguistique lui coûterait annuellement la bagatelle de 2.9 millions d’euros révèle De Morgen ce matin.

Dans l’article 3 des statuts de la régie publicitaire de la compagnie de transports en commun flamande, il est clairement stipulé que toute publicité devra se faire en néerlandais. Sur base de cet article, la compagnie croule depuis plus d’un an sous les procédures pour violation de ses statuts. En tête de proue des plaignants, on trouve l’association Taalrespect (respect de la langue). Cette dernière veille au grain et fait feu de tout bois. Que ce soit pour les vêtements Forever 21, le spectacle de Britney Spears « Femme Fatale tour » ou encore « Australian Home Made Ice Cream », chacune de ces publicités a fait l’objet d’une plainte. Pourquoi ? Parce qu’elles n’étaient pas en néerlandais. Peu importe qu’il s’agisse ici d’une marque ou du nom d’une tournée, on aurait dû le traduire en néerlandais.

Si elles peuvent sembler un chouïa extravagantes au vu de leurs intransigeances, ces démarches procédurières ont néanmoins été entendues par la Ministre de la Mobilité Hilde Crevits elle-même puisque celle-ci a promis au mois de septembre de renforcer les contrôles. Depuis la compagnie n’a d’autre choix que d’être plus pointilleuse lorsqu’elle choisit ses annonceurs. Au point de refuser une campagne d’affichage du film « Omar m’a tuer » ou une campagne pour promouvoir l’apprentissage du néerlandais. Une campagne qui s’adressait bien entendu à des non-néerlandophones.

En Interne, la compagnie a fait ses comptes et cette rigueur linguistique lui a déjà fait perdre 2.950.000 euros cette année. Sans compter toutes les campagnes publicitaires qui lui passent sous le nez et glissent vers la Stib ou la Tec par exemple. En effet, selon De Morgen on peut difficilement demander aux distributeurs du film « The Hobbit » de lui trouver une traduction néerlandaise. Si la ministre a un temps suggéré l’assouplissement des statuts en ce qui concerne les titres de films, cela a provoqué une telle levée de boucliers au sein du parlement flamand que pour l’instant rien n’a bougé. Dommage lorsqu’on sait que la compagnie doit trouver 4 millions pour boucler son budget.

M.L.

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