Thierry Fiorilli

L’indispensable bonne chère

Thierry Fiorilli Journaliste

Début décembre dernier, le conseil des ministres a donné son feu vert au lancement d’une vaste enquête sur les habitudes alimentaires belges. Elle sera réalisée par l’Institut scientifique de santé publique, qui avait mené la dernière étude en date sur la thématique en 2004.

La décision du gouvernement a été donc prise avant le déclenchement de la crise des lasagnes au cheval. On ne pourra pas, cette fois, reprocher à nos dirigeants de ne fonctionner que dans la réaction aux événements. Bonne nouvelle. L’objectif officiel de la prochaine enquête nationale, dont on n’attend pas les résultats avant 2014, est de permettre « à l’administration fédérale [d’]analyser les risques et garantir la sécurité de la chaîne alimentaire ». Bonne initiative.

Les conclusions de la précédente étude de nos comportements alimentaires, couplées aux résultats d’enquêtes plus ponctuelles, menées entre 2004 et 2010, affirmaient que : la tendance est à l’achat de plats préparés (1,2 par personne, par jour, en moyenne) ; la part du budget consacré à la nourriture diminue (12 % en 2005 contre 30 % en 1970, selon le rapport fédéral sur le développement durable 2007) ; le premier critère d’achat des produits alimentaires est le prix (45 %), ensuite la fraîcheur (16 %), puis la qualité (15 %) et, très loin derrière, la composition (… 2 %), le goût (1 %), l’aspect (1 %) et l’information sur l’emballage (1 %). Enfin, le poids de l’alimentation biologique est dérisoire dans la consommation générale des Belges (1,65 %), notamment, selon l’Observatoire bruxellois de la consommation durable, parce que « les denrées alimentaires biologiques coûtent 30 à 50 % plus cher que les denrées non biologiques ».

Les sentences de la prochaine enquête devraient être sensiblement différentes, dans la mesure où, vu l’engouement médiatique et populaire pour « la bonne nourriture », pour la façon de la préparer, les habitudes ont dû évoluer. Mais il n’est pas sûr du tout que la part du budget consacré à notre alimentation a augmenté. Pas plus qu’il n’est certain que les saines résolutions ont été adoptées par la majorité. Bien manger demande du temps, du goût, de la volonté, du savoir-faire et de l’argent. Ingrédients qui ne caractérisent pas forcément le plus grand nombre…

Reste que la crise actuelle, qui fait découvrir (?) qu’on ne sait que rarement avec précision ce que l’on mange, dès lors qu’on l’achète tout fait, ne peut que déboucher sur ce très contemporain « renforcement des contrôles », réclamé dans tous les secteurs au moindre couac. Il est, cette fois, indispensable un peu partout le long de la chaîne de fabrication des produits alimentaires. Au niveau national comme à l’échelon européen.

Parce que, indépendamment de l’inévitable course au profit, des uns et des autres, il est question, ici, de ce qui est le pilier central, capital, naturel du bien-être de tout être vivant : la qualité de ce qu’il mange. Bien plus qu’une enquête sur nos habitudes alimentaires, c’est une garantie de qualité des aliments que nos gouvernements doivent imposer. En toute transparence. Quitte à revoir leurs politiques agricoles, budgétaires et économiques. Producteurs et consommateurs ont tout à y gagner. Ce qui devrait tout de même rester la priorité de chaque gouvernant.

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