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L’impopularité, cette fidèle compagne des gouvernements

L’impopularité des gouvernements est un phénomène conjoncturel auquel n’échappe pas l’équipe Di Rupo un an à peine après sa mise en place dans des conditions difficiles sur les plans communautaire et économique.

Selon un sondage Ipsos-RTL-Le Soir, le gouvernement est crédité d’une cote de 4,6 sur 10. Il n’échappe donc pas à la tradition. A l’exception de Verhofstadt Ier, l’un des rares gouvernements d’après-guerre à avoir amélioré son solde électoral en fin de législature, tous ont été sanctionnés à un moment donné dans les sondages, laissant ensuite des plumes, voire plus, lors des élections qui s’ensuivirent.
Après des mois de conflits communautaires, Yves Leterme, grand vainqueur des élections de 2007, voyait son gouvernement perdre pied dans un sondage RTL-TVI/VTM de mai 2008, soit deux mois à peine après son installation. 63,4% des Belges disaient alors ne plus lui faire confiance. Avant lui, le gouvernement Verhofstadt, qui avait pu surfer pendant cinq ans sur la vague du succès, en période de croissance, après une victoire historique d’une coalition laïque en 1999, vit le vent tourner, alors qu’il était à bout de souffle, après des élections régionales de 2004 qui consacrèrent l’asymétrie. En octobre 2004, un sondage De Standaard/VRT indiquait que seul 45% des Belges lui faisaient encore confiance.

Premier ministre pendant un peu plus de sept ans, Jean-Luc Dehaene ne fut pas non plus un chef dont le gouvernement brilla toujours par sa popularité. Il faut dire que son entrée en matière en 1992 le fut dans une période marquée par des similitudes avec l’époque actuelle, sur le plan institutionnel et économique. En pleine tempête, seul 23% des Belges font alors confiance au gouvernement Dehaene, dans un sondage de mai 1994 dans La Libre. Au plus bas, le gouvernement est également marqué par les affaires judiciaires qui visent le parti socialiste. Une importante réforme institutionnelle – celle qui consacre l’Etat fédéral dans la Constitution – sera réalisée en même temps qu’un plan global d’assainissement des finances publiques en vue de permettre à terme l’entrée de la Belgique dans l’euro. Face aux enjeux, Jean-Luc Dehaene laisse entendre que ce sera lui ou le chaos, une expression revenue à la mode ces derniers mois au sommet du gouvernement.

Le sondage Ipsos-RTL-Le Soir montre que la Flandre juge encore plus drastiquement l’action du gouvernement Di Rupo: 4,4/10 pour 5/10 en Wallonie. Elio Di Rupo obtient pour sa part une note personnelle de 5,2/10 mais la Flandre est plus sévère avec un 4,6/10 seulement, contre 6,1/10 en Wallonie. Comme l’avait déjà dit le ministre CD&V Pieter De Crem, le vice-premier ministre Open Vld Alexander De Croo indique samedi dans La Libre que « la Flandre n’est pas encore habituée à un Premier ministre francophone », une première depuis plus de trente ans. A cet égard, on observe que dans le passé, les cotes de popularité des gouvernements dirigés par un Premier ministre flamand étaient moins élevées dans la partie sud du pays qu’en Flandre.

En mai 2008, 27,2% des Flamands faisaient confiance au gouvernement Leterme contre 26,2% des Bruxellois et seulement 19,5% des Wallons. En septembre 2004, dans un sondage de La Libre, 32% des francophones faisaient confiance au gouvernement Dehaene contre 40% des Flamands. Avec 4,6 sur 10, le gouvernement Di Rupo obtient sa plus mauvaise cote dans un sondage depuis sa mise en place il y a près d’un an. Il se consolera en constatant que d’autres gouvernements avant lui ont connu un sort encore moins confortable. Il lui reste un an et demi pour convaincre l’électeur du nord et du sud du pays de l’opportunité des réformes institutionnelles et économiques qu’il a réalisées et qu’il lui reste à mettre en oeuvre.

Avec Belga

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