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L’hypermarché: « chronique d’une mort annoncée »

Le modèle de l’hypermarché est aujourd’hui dépassé, en ce sens qu’il correspond au modèle de distribution d’il y a une vingtaine d’années, tandis que les habitudes de consommation ont entretemps radicalement changé, estime Pierre-Alexandre Billiet, CEO du magazine spécialisé Gondola et professeur à la Solvay Business School.

Le groupe de distribution Carrefour a dévoilé mardi un vaste plan de transformation « Carrefour 2022 » passant notamment par 2.400 suppressions de postes au sein de ses sièges en France ainsi que par une rationalisation des implantations « de ses sièges dans l’ensemble » des pays où le groupe est présent.

Sur le plan économique, le modèle d’hypermarché sous-entend des investissements majeurs, principalement dans l’immobilier, amortis sur environ 40 ans, précise Pierre-Alexandre Billiet. « Il faut donc rentabiliser. Or, aujourd’hui, la rentabilité est trop basse, ce qui fait que le modèle est totalement sous pression. »

Le consommateur achète de manière totalement différente qu’il y a 10, 15 ou 20 ans, se tournant vers le commerce de proximité, l’e-commerce ou le hard-discount. Face à ces tendances, le modèle de l’hypermarché est, selon l’expert, bel et bien « révolu ». Le degré d’adaptabilité de l’hypermarché reste en outre très limité, poursuit-il. « L’hypermarché n’est d’ailleurs un modèle de croissance dans aucun pays, car il ne répond à aucun besoin fondamental du consommateur. »

De manière générale, en termes de prix, les grands distributeurs « sont pris à leur propre piège », ajoute Pierre-Alexandre Billiet. « Ils se sont tous lancés dans une guerre des prix et tous ont perdu ce combat », le payant « très cher » aujourd’hui. « De plus, des pays comme la Belgique soutiennent au niveau politique cette guerre des prix, ce qui est une erreur fondamentale. » Alors qu’en France par exemple, des règles sont imposées pour y mettre fin et pour valoriser les produits locaux notamment.

Outre son souhait de revoir l’attractivité et l’efficacité de ses hypermarchés, Carrefour a fait part mardi de son intention de devenir une acteur incontournable de l’e-commerce alimentaire, signe que « Carrefour veut manifestement rattraper son retard », ajoute le CEO de Gondola. Et l’hypermarché constitue une bonne base de lancement pour des projets d’e-commerce, ce type de magasin offrant entre autres du stock et de l’espace.

Mais le groupe reste pris en tenaille entre l’e-commerce d’une part et le « low-end retail », enseignes de type hard-discount, d’autre part. « Carrefour ne s’est pas assez différencié et a, de ce fait, perdu son identité », conclut-il.

Carrefour compte en Belgique 45 hypermarchés (par définition, magasin d’une surface supérieure à 2.500 mètres carrés, généralement situé en périphérie, NDLR), dont 44 en gestion propre et un franchisé, 443 supermarchés (surface entre 400 et 2.500 mètres carrés), dont 39 en gestion propre et 296 magasins « Express », tous franchisés.

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