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L’hypercentre de Bruxelles ne sera bientôt plus accessible en voiture

Stagiaire Le Vif

A partir du 29 juin, plusieurs grandes artères du centre-ville de Bruxelles deviendront piétonnes. On vous explique ce que cela va changer pour vous (et pour la ville).

« Bruxelles ne doit plus être une ville pour les voitures, mais une ville pour les gens« . Cette phrase prononcée par Pascal Smet, ministre de la Mobilité et des Travaux publics de la Ville de Bruxelles, ne laisse aucun doute sur ses ambitions. Des ambitions partagées par Yvan Mayeur et son équipe. Ensemble, la ville et la région ont mis au point un plan d’attaque redoutable pour rendre le centre-ville de Bruxelles aux piétons et cyclistes.

50 hectares de zone piétonne

Plusieurs secteurs sont concernés, entre la rue du Midi ou le boulevard d’Anspach. Au total, le bourgmestre et ses collègues espèrent doubler la superficie de la zone piétonne actuelle. Elle sera ainsi étendue à pas moins de cinquante hectares, ce qui fera d’elle, d’après Yvan Mayeur, « l’une des (…) plus grandes d’Europe« . Cette zone sans voiture sera inaugurée le 29 juin, date après laquelle le bourgmestre « ne reviendra pas en arrière« . Les travaux devraient eux s’achever en 2018 par les alentours de la place de la Bourse, un secteur particulièrement délicat, car protégé.

Parmi les raisons de ce choix, Yvan Mayeur cite d’abord une « préoccupation de santé publique« . Un point qu’il juge prioritaire dans une « ville congestionnée par les véhicules« . Le bourgmestre regrette aussi que Bruxelles ne soit pas plus verte, et souhaite accompagner ce projet de zone piétonne d’une revalorisation de l’espace public dans son ensemble, y compris les parcs, et les « magnifiques bacs à fleurs des années septante« , qu’il compte bien supprimer. Cela devrait permettre de passer de 200m² à 3000m² de verdure dans l’hypercentre. Ces efforts s’accompagneront aussi d’un embellissement des façades, qu’Alain Courtois ne juge pour l’instant « pas dignes d’un vrai piétonnier« .

Le ministre ne s’en cache pas : si il tient autant à rendre la ville plus agréable et dynamique, c’est aussi parce qu’il espère que cela puisse attirer des nouvelles enseignes. Il tient également à récupérer les grandes marques qui ont délaissé la capitale pour Anvers ou d’autres villes.

Ce que le projet changera pour les riverains

L’extension de la zone piétonne et le développement parallèle des pistes cyclables devraient ravir les amoureux de l’air pur…. Un peu moins les riverains. Premier grand changement pour eux, et pas des moindres : les parkings. « Si possible, on n’en voudrait plus en surface« , a annoncé Yvan Mayeur. Si il a maintenu que les rares places disponibles en surface seraient réservées aux riverains, il a bien indiqué que la plupart d’entre eux devraient dans les prochains mois partir garer leur voiture sous terre. Des négociations seraient en cours pour que ceux qui habitent le quartier puissent y bénéficier de tarifs avantageux.

Autre bouleversement : à partir du 29 juin, certaines rues changeront de sens de circulation. Les rues du Fossé-aux-Loups, des Augustins, de l’Evêque, de l’Ecuyer, de la Vierge Noire, des Poissonniers, Van Artevelde, des Six Jetons, de la Grande Ile, des Bogards, des Alexiens, de Loxum, Ravenstein, des Fripiers, des Halles, l’avenue de Stalingrad, les boulevards Lemonnier et d’Anspach et la place Fontainas seront concernés. Les membres de l’équipe en charge du projet ont planché un an sur les plans de circulation. S’ils ont évalué toutes les conséquences de ces changements et « assument » les difficultés que cela engendrera, ils se disent ouverts aux négociations en fonction des retours reçus à l’issue de la période de test. Car comme Alain Courtois l’a rappelé, « la voiture existe encore, et elle ne va pas disparaître« . « Nous ferons en sorte que le Bruxellois soit heureux« , a-t-il ajouté.

Avant les premières complaintes viendra le temps des réjouissances. Des animations auront lieu à partir du dimanche 28 juin, puis durant toute la durée des travaux, au niveau de la zone piétonne.

Beci et Touring prédisent le chaos du trafic

L’organisation de défense des automobilistes Touring et BECI, la Chambre de Commerce de Bruxelles, ont prédit lundi l’émergence d’un « trafic chaotique », que provoquera selon elles le nouveau plan de circulation de la Ville de Bruxelles.

Disant soutenir le principe qui vise à rendre la ville plus habitable, BECI et Touring estiment que le projet risque de se solder par un échec en raison de l’absence de coordination entre la Ville et la Région bruxelloise, principalement parce que les rues environnantes et la petite ceinture ne sont pas aménagées de manière optimale pour pouvoir absorber l’ensemble du trafic qui sera interdit dans le centre.

Pour les deux organisations, il est utopique de penser que les véhicules disparaîtront si on condamne les rues. Un projet de cette importance mérite une meilleure coordination. Touring et BECI ont l’impression qu’en termes de solutions de rechange pour les conducteurs, peu d’avancées concrètes sont réalisées sur le terrain et que faute de cela, la situation continue de se dégrader.

Pour elles, une extension sérieuse du réseau de métro est ainsi absolument nécessaire pour pouvoir, comme Paris ou Londres, bénéficier d’un meilleur équilibre entre les transports en commun et l’utilisation de la voiture.

De son côté, le conseiller communal N-VA Joan Van den Driessche a répété son opposition au projet en grande partie pour les mêmes raisons. « Moins de trafic automobile dans le Pentagone constitue une toute bonne idée mais la manière dont c’est mis en place par le autorités communales et dont c’est organisé par la Région mènera à de nombreux grincements de dents chez les habitants, les commerçants, les navetteurs, les visiteurs et les employeurs, au cours de prochaines années », a-t-il dit.

Perrine Signoret

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