L’ex-patron de la SNCB attaque les socialistes flamands et la politisation

Le Vif

Le bon fonctionnement de la SNCB est fortement compromis par la puissance des deux grands syndicats, qui s’opposent à tout changement, et par les organes de direction au sein desquels la politique de parti prime, affirme l’ex-administrateur délégué de l’entreprise, Marc Descheemaecker, dans un livre publié mardi.

L’ancien « patron » du rail, étiqueté Open Vld, s’en prend vivement aux socialistes flamands et en particulier à leur vice-Premier ministre Johan Vande Lanotte. Il cite notamment dix raisons pour lesquelles M. Vande Lanotte a mis son veto à sa nomination à la tête du groupe réformé, là ou le chef de file du sp.a n’en trouve que quatre.

Dans cet ouvrage intitulé Dwarsligger (qui en néerlandais signifie à la fois « traverses » et « empêcheur de tourner en rond »). Achter de schermen van de NMBS (Les coulisses de la SNCB) », M. Descheemaecker s’interroge notamment sur le rôle du sp.a dans la gestion du dossier Fyra qui, souligne-t-il, a fait resurgir le nom des hélicoptères Agusta. Le sp.a s’était retrouvé avec le PS au centre d’un scandale de corruption lié à Agusta.

Il renvoie à des informations de presse selon lesquelles le « Fyra », du nom de la ligne à grande vitesse avortée avec les Pays-Bas, s’est retrouvé au centre d’une affaire de corruption avec sa maison-mère, la société italienne AnsaldoBreda. Or, écrit M. Descheemaecker, « AnsaldoBreda appartenait au même groupe que le constructeur d’hélicoptères Agusta. A chaque moment décisif dans le dossier intervenaient des personnes liées au sp.a. Tout dans ce dossier ramenait à quelque chose de potentiellement fâcheux ou à tout le moins inquiétant », ajoute-t-il.

Outre le Fyra, des divergences de vue sur ABX, le Thalys Ostende-Bruxelles, le sponsoring et la gratuité des transports expliquent, selon l’auteur, que « l’empereur d’Ostende » ait fini par « avoir sa tête ».

Dans ce livre présenté mardi à la presse, M. Descheemaecker dépeint une SNCB paralysée par l’action des deux grands syndicats et par la politisation. Il prône un Conseil d’administration dépolitisé, la suppression du statut, une diminution des subsides de l’ordre d’un tiers, la suppression, à terme, d’encore 5.000 emplois, une augmentation d’1,5% des tarifs, au-delà de l’inflation, par an, et la scission de l’entreprise, idéalement fusionnée au nord du pays avec De Lijn et en Wallonie avec les TEC.

M. Descheemaecker était entré à la SNCB en novembre 2002 en prenant la direction de sa division de fret, B-Cargo, en difficulté financière. En 2005, il avait été désigné dans le trio des administrateurs-délégués du groupe ferroviaire, lui à la SNCB (l’opérateur des chemins de fer), aux côtés de Jannie Haeck (SNCB holding) et de Luc Lallemand (Infrabel, le gestionnaire du réseau).

Dans son livre, il salue l’action de M. Lallemand (étiqueté PS), mais est plus critique envers M. Haeck, l’ancien chef de cabinet de M. Vande Lanotte.

Les relations avec le ministre ont dès le départ été mauvaises mais se sont dégradées fin 2004, alors qu’il avait accordé une interview à un journal qui avait titré « le gratuit n’existe pas », au moment où le sp.a tenait un congrès sur le thème de la mobilité, raconte l’ex-patron du rail.

M. Vande Lanotte a pour sa part confirmé mardi avoir mis son veto à la nomination de M. Descheemaecker à la tête du groupe réformé, le justifiant par quatre motifs.

La faible ponctualité des trains, le « puits sans fond » du transport de fret, un héritage financier négatif et un manque de vision au bénéfice de l’usager constituent autant de raisons de ne pas prolonger le mandat du CEO, a affirmé le vice-Premier ministre sp.a.

« Il a raison. J’ai effectivement opposé mon veto à sa nomination comme CEO de la nouvelle SNCB. J’ai des raisons profondes, et qui ne sont pas les dix qu’il énumère. Quatre raisons, chacune motivée par une conviction: le voyageur doit être au centre des préoccupations de la SNCB », a ajouté M. Vande Lanotte.

A ses yeux, l’action entreprise par le nouveau patron de la SNCB, Jo Cornu, en matière de mobilité prouve qu’agir autrement est possible. « En janvier, plus de 90% des trains étaient dans les temps, en février 89,9% », selon le ministre.

Il rappelle en outre le trou de deux milliards d’euros de la division fret de la SNCB, que dirige M. Descheemaecker depuis 2002 sans être parvenu à faire du fret ferroviaire une activité rentable. La direction a en outre découvert un trou de 225 millions d’euros dans les comptes des activités de fret après le départ de l’ancien patron, ajoute M. Vande Lanotte.

Enfin, le ministre reproche à Marc Descheemaecker une absence de vision pour le voyageur. Les solutions qu’il propose dans son ouvrage, régionaliser et privatiser, « n’en sont pas pour l’usager ».

« La constante du discours de Descheemaecker, c’est de dire: ‘la faute à autrui' », conclut M. Vande Lanotte.

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