Gérald Papy

L’Euro 2012 n’évitera pas la récupération politique

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les grands rendez-vous sportifs sont devenus tellement médiatiques qu’ils s’exposent inévitablement à une instrumentalisation politique. Il n’y a pas de raison de s’en offusquer outre mesure.

A ceux qui jugent que l’Euro 2012 doit se vivre sous une bulle épargnée par les interférences politiques, il faut rappeler que c’est illusoire. La mondialisation et la médiatisation du sport en font une vitrine regardée par des millions de spectateurs. Pareil événement d’envergure s’expose à une instrumentalisation politique : le Grand-Prix de Formule 1 de Bahreïn par les opposants chiites victimes de la répression de la dynastie sunnite minoritaire, celui du Canada à Montréal ce week-end par les étudiants acteurs du « printemps érable », le volet ukrainien de l’Euro 2012 par les partisans de l’opposante Ioulia Timochenko… Somme toute, si la contestation ne viole pas les règles de l’Etat de droit, on peut y voir une expression de la vivacité de la démocratie ou sous d’autres régimes, l’expression de la légitimité d’une opposition à un pouvoir autoritaire. Aux organisateurs omnipotents de ces grandes manifestations (UEFA, FIFA, CIO…), sur lesquels il serait opportun d’exercer un vrai contrôle démocratique, de juger s’il est bien opportun de confier la gestion de ces rendez-vous planétaires à des Etats non-démocratiques et d’ainsi inévitablement les cautionner. Après le Brésil en 2014, c’est en Russie en 2018 et au Qatar en 2022 que seront organisés les prochains Mondiaux de football, c’est dire si cette préoccupation éthique est prioritaire…

A ceux qui jugent que le sport se discrédite en faisant fi des réalités politiques et qui iraient jusqu’à prôner un boycottage total de l’Euro 2012, il faut rappeler que c’est illusoire. Le sport ne peut pas être l’otage des intérêts politiques, aussi respectables soient-ils, et doit s’en préserver pour espérer retrouver sa grandeur. Ce constat n’implique pas de céder à la résignation. Les associations sportives qui régentent ces manifestations planétaires doivent se réformer, tendre vers plus de transparence et combattre les excès financiers ou autres.

Ces quelques considérations posées, on peut rêver à un Euro 2012 où dominera le beau jeu, qui sera exempt de tricheries mais pas de surprises et au cours duquel les supporters sauront se montrer dignes (car le racisme de certains d’entre eux pourrait bien être le vrai cancer de cet Euro). Et plus encore cette année, triomphera la maxime que connaît tout amateur de football : « A la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne ! ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire