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L’éternel paradoxe de la protection de la vie privée

Muriel Lefevre

Une affaire d’agression qui stagnait depuis trois mois a été résolue en un jour grâce à la publication d’images issues de caméras de surveillance. Problème, l’un des agresseurs était mineur. Il n’en faut pas plus pour relancer le débat entre le travail de la justice et la protection de la vie privée.

La presse flamande s’enflamme autour d’une affaire qui a été résolue comme par magie suite à la diffusion publique d’images issues d’une caméra de surveillance.

Depuis trois mois les enquêteurs étaient à la recherche d’une personne qui avait agressé un jeune homme de 29 ans lors d’une bagarre dans la ville d’Alost. Les faits ont été à ce point violents que, trois mois plus tard, la victime est encore à l’hôpital et gardera probablement des séquelles irréversibles de l’agression.

Si la diffusion publique par la police des images de l’agression dans le cadre d’un appel à témoin a permis de résoudre l’affaire en un temps record, elle a aussi soulevé de nombreuses critiques, car l’un des agresseurs identifiés grâce aux images est mineur.
De quoi relancer l’éternel débat sur la protection de la vie privée.

En effet, il n’existe pas de règles concrètes autour de la publication ou non d’images issues de caméras de surveillance. Elle s’effectue en réalité au cas par cas, à la discrétion des magistrats. Ces derniers peuvent outrepasser la notion de vie privée s’ils pensent que le cas est suffisamment grave ou si cela peut se révéler déterminant pour la résolution de l’enquête. Dans certains cas, la violation de la vie privée peut cependant bénéficier aux agresseurs.

C’est ce que vient de démontrer le procès de quatre agresseurs mineurs à Eindhoven. Au mois de janvier, 4 jeunes agressent une personne en rue. Très vite la police décide de diffuser les images de l’agression. Des images particulièrement violentes qui vont susciter beaucoup d’émois au sein de la population, mais qui permettront aussi de retrouver les auteurs. Lors du procès qui a eu lieu la semaine dernière, trois des quatre jeunes inculpés pour violences ont vu leur peine réduite, car « leur vie privée avait déjà été suffisamment jetée en pâture ». Un verdict qui démontre bien l’arme à double tranchant que représente l’utilisation de ces images dans le cadre d’une affaire criminelle.

Le flou juridique explique certainement l’extrême prudence des enquêteurs lorsqu’ils s’agit d’utiliser et de rendre publics des images de surveillance. Comme ce fut le cas dans l’affaire d’Alost où les policiers ont veillé à explorer toutes les pistes avant de diffuser les images.

ML

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