L’église doit relancer le dialogue avec l’homme moderne

Début octobre, on célèbre les 50 ans du deuxième concile oecuménique du Vatican, mieux connu sous le terme de Vatican 2. Un demi-siècle plus tard, le théologien Jürgen Mettepenningen, ancien porte-parole de Monseigneur Léonard, trouve qu’il est grand temps de lancer un nouveau concile. « Pour sauver l’église »

« Est-ce qu’un nouveau concile pourrait sauver l’église ? », c’est la question centrale du nouvel essai de Jürgen Mettepenningen, théologien et essayiste. Connu pour avoir démissionné il y a deux ans de son poste de porte-parole de Monseigneur Léonard. Une démarche en accord avec le personnage puisque, en tant que catholique croyant, il estime de son devoir de faire un état des lieux de situation. Pour lui, point de place au doute : l’Église catholique qui lui tient tant à coeur ne va pas bien du tout.

Jürgen Mettepenningen : Lorsque je compare Jean XXIII et Benoît XVI, je ne peux avoir qu’un respect immense pour la vision affutée et les intuitions du premier. Jean XXIII avait intuitivement compris que l’église s’érodait de l’intérieur : son message sonnait creux et une crise latente en résultait. L’église était tout simplement en train de passer à côté des évolutions de notre société. C’est pour cette raison- et à la surprise générale – qu’il a réuni un concile pour discuter des problèmes fondamentaux et pour trouver une manière de les aborder. Et ce, alors que l’église trouvait qu’il n’y avait pas de problèmes, ou si peu. C’est étrange. À l’époque il y avait peu de demandes du monde catholique envers un concile et pourtant Rome en a organisé un et maintenant qu’il y a un large consensus au sein du monde catholique pour en organiser un, Rome n’en veut plus.

Est-ce que ce nouveau concile peut vraiment sauver l’église ?

Mettepenningen: Un concile seul ne suffira pas. Mais un concile peut néanmoins relancer le dialogue avec l’homme moderne. Et ceci est une condition essentielle si l’église veut à nouveau être pertinente. C’était en tout cas l’une des importantes leçons du précédent concile.
Ce qui tient Rome éveillé la nuit, c’est la bonne profession de la foi. « Est-ce que les théologiens suivent bien notre ligne directrice. Croire comme il se doit est bien plus important que bien se comporter. L’exemple le plus frappant est le cas de Roger Vangheluwe : l’église va traiter de façon beaucoup plus sévère un théologien de la libération qui est accusé de marxisme qu’un évêque qui est poursuivi pour pédophilie. La crise que traverse l’église en ce moment se situe à tous les niveaux. C’est une crise de la foi, structurelle, de pouvoir, sans parler de celle qui est survenue suite à toutes ces affaires de pédophilies. La crise n’a fait que prendre de l’ampleur au point que le déficit de la théologie est devenu celui de Rome. Si toutes ces crises ne suffisent pas à lancer un nouveau concile, je ne vois pas pourquoi et quand on le ferait.

La divinité de Marie… Aussi cynique que cela puisse paraître, voilà le genre de sujet qui secoue certains cercles du Vatican…

Mettepenningen: Votre exemple est cynique, mais il a un fond de vérité. Cela illustre bien le fait que l’église se rend elle-même non pertinente. C’est une église qui n’est centrée que sur elle-même. Ce qui a le don de m’énerver en tant que croyant. Je continue à croire que l’église a une très belle histoire derrière elle – et je ne nie pas en disant cela les pages noires de cette dernière — et que cette dernière peut encore offrir un puissant message. L’église possède un large et unique réseau à travers le monde. Et pourtant, l’église refuse de se lancer dans un travail d’auto-critique et de se moderniser. L’église espère toujours que l’homme et la société moderne vont s’adapter à elle. Et si cela n’est pas le cas, ils ne peuvent faire autrement que de les critiquer. Rome ne fait confiance qu’à elle-même. Même ses propres évêques ne reçoivent sa confiance qu’au compte-goutte.

(WP)

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