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L’échantillon de sang attribué à Storme était mélangé à celui d’une femme

L’échantillon de sang qui a révélé que Léopold Storme avait un taux d’alcoolémie d’environ deux grammes par litre le lendemain du meurtre de ses parents et de sa soeur, a été mélangé avec celui d’une femme.

La présidente de la cour d’assises de Bruxelles a révélé ce jeudi que deux des échantillons de sang prélevés le 17 juin 2007 sur Léopold Storme, accusé du meurtre de ses parents et de sa soeur le 16 juin 2007, contiennent majoritairement l’ADN d’une femme. Léopold Storme avait toujours nié avoir consommé de l’alcool ce jour-là.

Le lendemain des faits, un médecin a effectué un prélèvement sanguin sur Léopold Storme. Quatre vénules (échantillon de sang) ont été soumises à analyse auprès de l’INCC (Institut national de Criminologie et de Criminalistique). Deux vénules contiennent un ADN mixte, appartenant majoritairement à une femme et minoritairement à Léopold Storme. L’analyse d’un échantillon avait révélé un taux d’alcool dans le sang de 2,073.

L’Institut national de Criminologie et de Criminalistique (INCC) a commis une erreur dans l’analyse d’échantillons de sang attribués erronément exclusivement à Léopold Storme a reconnu Dieter Deforce.

Les débats continuent

La défense avait suggéré à la présidente de la cour, Karin Gérard, de reporter la session, estimant que l’erreur commise par l’INCC avait des conséquences sur l’intégralité de l’enquête. La Cour devrait rendre un arrêt à ce sujet jeudi dès 14 heures.

Me Jean-Philippe Mayence a déclaré que les jurés auront à se positionner sur des expertises « réalisées dans les conditions que nous connaissons ». Regrettant qu’on ne puisse corriger cette erreur, Me Mayence a demandé à ce que l’on écarte tous les éléments du dossier faisant référence « de près ou de loin » à l’alcoolémie. Les conseils des parties civiles, soit la famille des victimes et de l’accusé, ont déclaré qu’ils partageaient l’inquiétude de la défense.

La cour a rendu son arrêt sur la demande de la défense d’écarter les pièces faisant référence au taux d’alcoolémie de l’accusé. Elle a déclaré les demandes recevables mais non fondées et a ordonné la poursuite des débats.

En effet, en vertu de son pouvoir discrétionnaire et à la demande de la défense, la présidente de la cour d’assises avait demandé à ce qu’on vérifie l’ADN des échantillons de sang prélevés sur Léopold Storme, lors de son interpellation, le lendemain des faits.

Le dossier psychiatrique pourrait être écarté

Un collège de psychiatres avait conclu que Léopold Storme était atteint de délire paranoïaque, notamment par ce qu’il niait avoir bu de l’alcool malgré son alcoolémie. « Ce déni est caractéristique d’une attitude délirante visant à reconstruire une réalité par rapport à une autre inacceptable », avait relevé à ce propos ce collège d’experts.

La défense a souligné que son client a toujours affirmé avoir consommé du cannabis et nié avoir pris d’autres drogues ou de l’alcool, ce qui est confirmé depuis jeudi par les différentes analyses. Elle a justifié le comportement paranoïaque de son client par la remise en doute systématique des paroles de ce dernier par les enquêteurs et les experts.

Le 17 juin 2007, à 22H09, une prise de sang avait été effectuée sur l’accusé, qui avait remis également un échantillon d’urine. L’analyse par l’INCC d’une vénule avait révélé un taux d’alcool de 2,079 grammes par litre. Les résultats d’une contre-expertise avaient révélé un taux d’1,88 grammes et furent négatifs pour deux autres échantillons.

Une analyse ADN des quatre échantillons a révélé jeudi que les deux vénules positives contiennent l’ADN mixte d’une femme et de Léopold Storme et les deux autres (négatives), l’ADN pur de l’accusé.

Une erreur de manipulation

L’expert en ADN Dieter Deforce a indiqué jeudi que l’INCC avait reconnu lui-même son erreur. L’incident se serait produit lors d’une manipulation des échantillons.

L’avocat général Bernard Dauchot a regretté cette erreur mais a ajouté qu’il « fallait remettre les choses à leur juste place ». Il a indiqué que l’alcoolémie n’était pas un élément déterminant au niveau de l’enquête puisque la prise de sang a été effectuée plus de vingt-quatre heures après les faits. Il a relevé de plus que la défense n’avait pas introduit de nouvelles requêtes après la contre-expertise.

Au sujet des expertises psychiatriques, le ministère public a précisé que les experts ne rendaient que des avis et qu’il fallait considérer leurs rapports dans leur ensemble. Il estime que la recevabilité des poursuites n’est nullement menacée par l’incident.

Le Vif.be, avec Belga

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