Bernard Wesphael et son avocat Jean-Philippe Mayence. © BELGA

L’avocat de Wesphael: « Je vous demande de le juger comme vous aimeriez être jugé »

Me Mayence, avocat de Bernard Wesphael, a terminé mercredi à 18h00 sa plaidoirie d’environ cinq heures devant la cour d’assises de Mons. Il est revenu avant de clôturer sur un dernier élément de l’enquête, à savoir les témoignages des occupants des autres chambres, notamment ceux qui n’ont pas été entendus.

« Je terminerai sur les chambres et les bruits. Si les heures d’entrée dans les chambres correspondent bien à celles des clés, les voisins ne peuvent pas avoir entendu quoi que ce soit en lien avec ce qui est reproché à l’accusé aujourd’hui. C’est in-com-pa-tible! », avance Me Mayence. Lors du procès, un débat a été lancé quant à savoir si les clés magnétiques donnant le timing d’entrée dans les chambres fonctionnaient correctement. « Dans tous les PV, on écrit qu’il doit y avoir une erreur pour ces clés, car cela ne correspond pas à ce que disent les témoins. »

Mais l’avocat, citant la pièce, ajoute que la société gérant le système des clés a été interrogée, et que des vérifications ont été réalisées. Il en ressort que l’enregistrement mentionné dans les procès-verbaux est en temps réel, avec un différentiel éventuel de quelques minutes. Selon les données d’activation de la 502, un des occupants de cette chambre dit y être allé vers 11h00 le 31 octobre. « Oh, c’est incroyable! A 10h56, il y a bien une activation de la clé. Le matin, c’est juste, mais le soir non, parce que ça ne colle plus à la ligne du temps? » Dans la 601, le mari du couple de Britanniques dit qu’il est passé vers 16h30 dans sa chambre. « Là aussi, ça marche! Mais plus tard, non, parce que ça n’intéresse plus les enquêteurs! » Des témoins disent avoir entendu du bruit aux alentours de 22h05 dans la chambre 602, occupée par Bernard Wesphael et son épouse. « Tiens, c’est bien ça, ça colle. Ils entendent ce qui se passe, mais pas le tohu-bohu d’après, du défilé de policiers, médecins etc. car ils dormaient. Excusez-moi, mais c’est complétement risible! »

« Une honte! »

La défense estime par ailleurs que « c’est une honte » que les occupants des chambres 503 et 603 n’aient pas été auditionnés, alors qu’ils n’ont rien entendu. « La personne qui est à côté de la chambre litigieuse à l’heure exacte où, selon les dires de la partie civile et de l’avocat général, les faits se seraient déroulés, n’entend rien. (…) Le fait de ne pas entendre est une confirmation absolue de ce que dit Bernard Wesphael! Et on n’a pas droit à un procès-verbal? Le moins que je puisse faire, c’est considérer ces personnes qui n’ont rien entendu comme des témoins qui nous sont favorables », poursuit le conseil de l’accusé. « Voilà, j’ai tout dit. Subsiste son attitude. Mais on ne juge jamais quelqu’un sur son attitude. Le seul policier qui n’est pas venu ici, lorsqu’il a effectivement ramené M. Wesphael en prison le 4 novembre, a parlé avec l’accusé, qui lui a dit qu’il ne pouvait pas vivre sans sa femme et ne l’avait pas tuée. (…) On a oublié de vous le dire ça! » « Alors voilà, mesdames et messieurs les jurés. La plus belle preuve du doute dans ce dossier, c’est que personne ne sera satisfait de ce débat judiciaire. Si, par sa tenue, mais par le résultat, je ne sais pas », conclut Me Mayence.

« Je vous demande de le juger comme vous aimeriez être jugé, en interprétant tout de manière favorable à l’accusé. Non pas qu’on en ait besoin, mais ceci doit être une leçon pour notre monde judiciaire. C’est une catastrophe qui a été créée entre les deux familles, avec toute cette désinformation, à l’intérieur et à l’extérieur » de la salle d’audience. « Je le crois totalement innocent. (…) Je vous demande de lui rendre sa dignité. Le fait que cet ardent défenseur de l’humanisme va être jugé par les siens est peut-être la meilleure des choses. C’est un formidable plaidoyer pour la justice populaire. »

L’audience a été levée, elle reprendra jeudi matin avec les répliques, pour lesquelles le président a accordé un timing de maximum 15 minutes à chaque avocat. Le jury entrera ensuite en délibération quant à la culpabilité de l’accusé.

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