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L’avocat de Frédéric Deborsu : « Recadrons les choses »

L’auteur de Question(s) royale(s) a pris Benoît Michaux comme conseil. C’est lui qui l’accompagnera si Frédéric Deborsu est auditionné par le Conseil de déontologie journalistique, saisi depuis la semaine dernière par le Palais royal. Entretemps, l’avocat prône le retour à la sérénité.

« Frédéric Deborsu n’a pas eu la chance de se défendre comme il aurait dû, comme il aurait pu. Je n’accuse pas la RTBF, qui ne lui a pas permis de participer aux débats dans les médias autour de son livre, mais le fait de ne pas pouvoir se défendre, alors qu’il est attaqué violemment, y compris par beaucoup qui n’ont même pas lu l’ouvrage, est dommage, frustrant et blessant. » Benoît Michaux, avocat au barreau de Bruxelles, associé au cabinet Hoyng Monegier et spécialiste des médias et droits d’auteur, est depuis ce week-end le conseil de l’auteur de Question(s) royale(s), contre lequel la houle ne se calme pas. Ce même week-end, une pétition, anonyme mais relayée par lalibre.be, appelait même à boycotter tous les livres publiés par la Renaissance du livre, l’éditeur de Frédéric Deborsu ! « La nervosité est donc à son comble, résume Benoît Michaux. Ceux qui crient haro sur le livre sont les paniqués de l’union belge qui estiment que ce n’est pas responsable de mettre en difficulté la royauté en ce moment, les supporters inconditionnels de la monarchie et les partisans du chacun chez soi, ceux qui disent donc  »laissons en paix les membres de la famille royale ! ». Je ne veux pas me prononcer sur le fond de l’affaire, ça ne se fait pas par presse interposée. Mais je pense qu’il est grand temps de retrouver ses esprits, et ça vaut pour tout le monde, et de recadrer les choses. »

Recadrer les choses, ça signifie selon l’avocat, adopter une autre grille de lecture du livre que celle qui dominerait depuis deux semaines. En vrac, donc : « Le droit à la vie privée de personnages publics s’oppose ici à la liberté d’expression ; ici, l’auteur veut analyser la fonction royale et les personnes, dont celui qui a le plus de probabilité d’endosser cette fonction, ce prince sur lequel pèsent des pressions très fortes, depuis longtemps, et dont le destin fait penser à une tragédie grecque ; le livre va-t-il trop loin ? Ce sera au CDJ d’abord, à un tribunal civil ensuite, peut-être, de le dire. Moi, je pense surtout que les passages qui font polémiques peuvent être lus autrement que la version qu’on en a présentée jusqu’ici. Prenons le passage sur « la relation hors-norme » entre Philippe et son ami, Thomas d’Ansembourg. Le livre dit que c’est une époque où le prince se cherche, que le Roi veut qu’il s’oxygène, qu’il ait une famille, pour pouvoir régner sereinement un jour. Or, cette amitié ne colle pas à ce que le Palais projette comme modèle pour son propre prince et futur roi. « Hors-norme » peut donc signifier que cette amitié ne cadre pas avec l’archi traditionalisme du Palais. Sur la vie privée aussi, on peut considérer les choses sous un autre angle : celle de quelqu’un qui a un statut d’irreprochabilité inégalée – le Roi, c’est la Nation quand même – vaut qu’on s’y penche. Et lorsqu’Albert a révélé lors d’un discours qu’il avait connu des difficultés dans sa vie privée, ça n’en a pas fait un mauvais roi, au contraire. Ça l’a aidé même, sans doute. »

L’avocat de Frédéric Deborsu n’exclut pas que d’autres conseils viennent l’épauler, le cas échéant. Beaucoup dépendra du CDJ, qui doit, avant toute éventuelle procédure, décider s’il est oui ou non compétent. On le saura après sa prochaine réunion, « mi-novembre ». Si c’est le 15, ce sera donc le jour de la fête de la Dynastie. Un signe ?

Thierry Fiorilli

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