Thierry Denoël

L’arrestation du patron de Fyra et le scandale de la lasagne

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Quel lien y a-t-il entre l’arrestation pour corruption du patron du constructeur de train Fyra et le fiasco lamentable de ce train à grande vitesse reliant Bruxelles à Amsterdam. Aucun, pour le moment. Mais des questions se posent. Inévitablement.

Panama, Brésil, Indonésie, Inde… La liste des pays impliqués dans les contrats litigieux de Finmeccanica est longue. La justice italienne est en train de mettre au jour un système de commissions, installé par le groupe italien Finmeccanica. Ce dernier englobe notamment le constructeur du train Fyra à grande vitesse Bruxelles-Amsterdam qui a récemment défrayé la chronique pour ses ratés à répétitions.

En octobre dernier, l’ex-directeur commercial de Finmeccanica était appréhendé par le parquet de Naples dans le cadre d’une enquête sur des pots-de-vin pour la vente d’hélicoptère Agusta-Westland. En cause une commission de 18 millions de dollars versée au gouvernement panaméen en 2010. Parmi les inculpés du dossier, figure aussi un ancien ministre de Silvio Berlusconi. Et maintenant, voilà que le grand patron de Finmeccanica, Giuseppe Orsi, est lui-même placé sous détention pour être interrogé dans une affaire de vente d’hélicoptères à l’Inde. C’est un beau scandale qui éclabousse le monde industriel italien, depuis un an. Cela n’est pas sans rappeler la sombre affaire qui secoua la Belgique, dans les années 1990, avec les mêmes hélicoptères Agusta.

Meccanica est le groupe qui détient le constructeur de train italien AnsaldoBreda qui a livré les trains Fyra à la Belgique et aux Pays-Bas. Le fameux Fyra, flambant neuf, interdit de circulation depuis mi-janvier tant les problèmes techniques se sont accumulés. Les Pays-Bas ont même suspendu l’achat des trains. Le lien entre l’arrestation d’Orsi et le flop du Fyra ? Aucun.

Néanmoins, on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur la manière dont ces contrats géants sont signés. Bien sûr, un hélicoptère n’est pas un train. Bien sûr, les règles en matière de marchés publics se sont durcies. Bien sûr, les Pays-Bas et la Belgique ne sont pas le Panama ou l’Inde. Mais l’amateurisme avec lequel le marché Fyra a été conclu continue de nous laisser pantois. Applique-t-on dans un secteur aussi essentiel que le transport public le principe de précaution tant défendu aujourd’hui ? Quels critères ont permis de choisir le Fyra ?

Le fiasco de ce train à grande vitesse n’est d’ailleurs pas si éloigné du scandale des lasagnes à la viande de cheval. L’enjeu est le même : celui de l’intérêt général face aux appétits insatiables de certains acteurs particuliers. Le phénomène n’est pas neuf. Mais le contexte, lui, a évolué ces dernières années. La mondialisation n’est pas sans danger.

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