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L’armée réduira ses dépenses et les opérations à l’étranger en 2015

L’armée ne licenciera personne mais réduira fortement ses dépenses de fonctionnement et d’investissements l’an prochain pour réaliser les 225 millions d’euros d’économies imposées par le gouvernement Michel 1er, prélude à des coupes claires de près d’1,6 milliard d’euros cumulées sur la durée de la législature, a annoncé mardi le chef de la Défense (Chod), le général Gerard Van Caelenberge.

L’an prochain, les investissements seront réduits à zéro, le recrutement et l’entraînement de 20%, les travaux de maintenance étalés dans le temps et les dépenses de fonctionnement diminuées, avec un « ajustement » des engagements opérationnels à l’étranger, a précisé le « patron » de l’armée au cours d’un point de presse à Bruxelles. « Nous ne serons pas en mesure de tout payer » en 2015, a-t-il admis à propos de commandes antérieures de matériel qui restent à régler.

Certaines missions à l’étranger seront maintenues – comme la participation à la coalition internationale luttant contre le groupe terroriste Etat islamique (EI), mais pour six mois seulement car il n’y aura « plus d’argent » à partir de juillet 2015 -, la nouvelle mission « Resolute Support » de l’Otan en Afghanistan, l’envoi de quelques unités en manoeuvres en Europe de l’est et de navires en mer Baltique pour rassurer les pays de l’Otan inquiets face à l’attitude de la Russie et l’assistance à des pays africains dans le cadre de programmes de partenariat militaire (PPM).

La fin de la mission des Casques bleus belges au Liban le mois prochain et de celle de formation de l’armée malienne (EUTM) à la mi-2015 ne sera pas compensée par d’autres engagements, a précisé le général Van Caelenberge.

« On essaie de protéger notre personnel », a-t-il souligné, tout en reconnaissant que ces mesures « feront mal à nos gens ».

Le Chod a souligné qu’il appartenait à l’état-major de la Défense de « nuancer les coupures » pour en réduire les effets au maximum. Mais « une compagnie sur cinq » ne sera pas en mesure de s’entraîner comme prévu, tout comme un pilote sur cinq et un cinquième des navires.

Le chef de la Défense a rappelé qu’il avait élaboré voici quelques mois un plan destiné à redonner, avec un budget constant, une capacité d’investir dans des nouveaux matériels – l’armée souhaite notamment remplacer durant la prochaine décennie ses chasseurs F-16, ses frégates et ses chasseurs de mines – en profitant des départs naturels à la retraite des militaires atteints par la limite d’âge.

Ce plan aurait permis, en bénéficiant des fruits de la croissance économique, de porter progressivement les dépenses de défense belges de 0,66% à 0,7% du Produit intérieur brut (PIB) – 1,1% en tenant compte des pensions des militaires -, là où l’Otan réclame de ses membres qu’ils atteignent les 2% d’ici 2024.

Mais « au lieu d’augmenter, on nous coupe sérieusement » les crédits, a déploré le général Van Caelenberge, expliquant qu’en conséquence les dépenses de défense devraient tomber à 0,5% du PIB en 2019. Ce qui risque de sérieusement compromettre la volonté du gouvernement de rester un « partenaire solidaire et crédible au sein de l’Otan », affichée dans l’accord de coalition conclu début octobre entre le MR, la N-VA, le CD&V et l’Open Vld.

Le patron de l’armée a ainsi déploré le fossé « entre les mots et les faits », dans une allusion au caractère ambitieux de l’accord de gouvernement et aux moyens finalement alloués à la Défense.

Mais certaines prestations actuellement assurées gratuitement par l’armée au profit de la Nation – comme la recherche et le sauvetage en mer par hélicoptère et les missions de garde-côtes – pourraient être facturées.

Le général Van Caelenberge s’est enfin refusé de spéculer sur la fermeture de certaines installations, évoquée ces derniers jours dans la presse.

« Il est trop tôt, il faut d’abord connaître la nouvelle structure », a-t-il dit en faisant allusion au plan stratégique à dix ans que le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), a été chargé d’élaborer d’ici le printemps prochain. « Mais si on diminue spectaculairement (les effectifs), l’infrastructure (actuelle) deviendra trop grande », a prévenu le chef de la Défense en citant notamment l’hôpital militaire de Neder-over-Heembeek dont la capacité devra sans doute être adaptée, notamment en ce qui concerne le service des grands brûlés.

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