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L’ancien ministre François Perin est décédé

Le Vif

Le professeur émérite de droit François Perin est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 92 ans, rapporte vendredi soir la RTBF et Sudpresse. Ce juriste a été l’un des acteurs majeurs des réformes institutionnelles et l’un des moteurs de la marche de la Belgique vers le fédéralisme. Il finira progressivement par ne plus croire en l’Etat belge.

Professeur de droit constitutionnel à l’ULg, François Perin a connu un parcours politique sinueux: socialiste, anti-léopoldiste, renardiste, régionaliste, happartiste, et enfin rattachiste. Lors de l’épisode de la « question royale » (1945-1951), l’homme s’affirme. Il s’engouffre dans la fracture, nette, entre le nord et le sud du pays grâce à ses talents d’orateur et de débatteur, qui en font un plaideur pour le fédéralisme et un politicien de premier ordre.

François Perin devient ensuite président de parti, puis député en 1965 et ministre en 1974. En 1976, il quitte la formation du Rassemblement Wallon qu’il a fondée, et rejoint les rangs libéraux. Il siège comme sénateur jusqu’en 1980 quand il décide alors de quitter définitivement cet hémicycle en déclarant « ne pouvoir rester représentant d’un État auquel il ne croit plus et d’une nation qui n’existe plus ».

L’ancien ministre n’a jamais cessé d’être un esprit libre, non conformiste et guidé en permanence par son franc-parler. Sur la fin de sa vie, il avait embrassé la cause du rattachement à la France. En août 2011, il déclarera dans Le Soir « souhaiter que la Flandre proclame son indépendance, que Bruxelles s’organise en ville internationale et que la Wallonie rejoigne la France ».

Homme attachant, esprit brillant, grand pédagogue Une personnalité attachante, un esprit brillant et un grand pédagogue. Telle est en substance la façon dont Didier Reynders a décrit François Perin. Le vice-premier ministre MR fut élève-assistant de François Perin à l’Université de Liège dans la 2e moitié des années 1970, dès sa deuxième candidature en droit.

« Son cours d’introduction au droit public en première candidature a marqué des générations d’étudiants. C’était un professeur qui remplissait son auditoire. Ce qui était frappant, c’était de voir des étudiants d’années supérieures qui revenaient écouter son cours », a expliqué M. Reynders.

François Perin fut aussi un grand Wallon: « Il a fait naître une conscience wallonne à travers le Rassemblement Wallon », a rappelé le vice-premier. « C’est une personnalité attachante, parfois un peu professeur Tournesol, qui s’en va, un intellectuel brillant et un homme qui a mobilisé beaucoup de monde autour de lui et du Rassemblement Wallon avant de le quitter pour mettre sur pied le PRL avec des gens comme Jean Gol, Etienne Knoops ou François-Xavier de Donnea », a ajouté M. Reynders.

François Perin a quitté la politique au début des années 1980. Le temps passant, son scepticisme n’a cessé de grandir à propos de l’avenir de la Belgique. « L’avenir nous dira si son pessimisme sur la Belgique se réalisera. Nous, nous avons choisi de faire un pari que lui ne faisait pas. Nous avons réorganisé l’Etat en donnant plus d’autonomie aux entités fédérées mais en garantissant quelque chose de fédéral », a encore dit M. Reynders.

Rudy Demotte pleure la disparition d’un des derniers pères historiques de la Wallonie Le ministre-président wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles Rudy Demotte a fait part de sa tristesse samedi, soulignant qu’avec le décès de François Perin, « c’est un des derniers pères historiques de la Wallonie qui nous quitte ».

Dans les années 70, François Perin fut de ceux qui parvinrent à traduire dans les textes et dans les faits la revendication fédéraliste wallonne qui remontait à des décennies. Avec des personnalités comme Robert Moreau et Fernand Massart, il avait choisi la voie des partis wallons pour porter le combat fédéraliste devant la population qui lui apporta un grand soutien. En 1971, le Rassemblement wallon fut, en effet, la deuxième force politique de Wallonie. « Avec le socialiste Freddy Terwagne, il permit l’inscription de la Région wallonne dans la Constitution, via le célèbre article 107 quater. Il fut aussi à la base de l’expérience de régionalisation préparatoire lancée en 1974 », a rappelé Rudy Demotte dans un communiqué.

Le ministre-président a salué l' »esprit aussi brillant qu’indépendant » de François Perin, un homme qui a activement concouru à la pose de plusieurs jalons importants de la naissance politique de la Wallonie, « une Région qui n’a cessé, depuis, d’approfondir son autonomie et sa position centrale au sein de l’Etat belge ».

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