Bart De Wever et Pieter De Crem © Belga

« L’affaire De Wever – De Crem montre que la N-VA a du mal à présenter les changements promis »

Pour le politologue Nicolas Bouteca (Université de Gand), le mea culpa de Bart De Wever (N-VA) à propos du Secrétaire d’État au Commerce extérieur Pieter De Crem (CD&V) arrive trop tard. « Un signe que la N-VA a du mal à présenter le changement promis ».

Pieter De Crem n’a pas encore fait de déclaration en séance plénière de la Chambre. Même s’il n’y est pour rien, il donne l’impression que sa fonction est en effet peu remplie.

Nicolas Bouteca: « C’est en effet une indication de ce qui était clair dès le début : le portefeuille de Pieter De Crem est très léger. Sa fonction découle de l’exercice d’équilibre pratiqué lors de la répartition des compétences. Le CD&V avait déjà deux postes de ministre importants et De Crem, en tant que vice premier ministre sortant du gouvernement Di Rupo, avait droit à « quelque chose ». Cependant, je trouve que Bart De Wever ne communique pas très intelligemment à ce sujet. Le président de la N-VA grossit la situation face au grand public qui en temps d’austérité est encore plus sensible aux postes superflus. En outre, il était également à la table de la formation du gouvernement. En tant que soi-disant « premier ministre de l’ombre » il aurait pu taper sur la table et opposer son véto. Avec cette discussion il renforce l’image que, même avec la N-VA, le changement promis n’est pas toujours visible. Il fait son mea culpa, mais c’est trop tard ».

Entre-temps, le cabinet de Pieter De Crem a réagi en disant que De Crem avait visité 15 pays depuis sa nomination l’année dernière, chaque fois à la demande d’entreprises. Le président du CD&V Wouter Beke qualifie également le travail du Secrétaire d’État d' »important pour les entreprises ».

Bouteca: « Je peux difficilement estimer ce que ces voyages ont concrètement rapporté, mais ils ont certainement leur utilité. Ces missions économiques ont lieu depuis des années et le lobbying fonctionne vraiment. Si De Crem a un nombre de compétences limité, il fait certainement bien ce qu’il fait, car il figure parmi les personnes les plus expérimentées de l’équipe de Charles Michel. En outre, pour lui, c’est une façon de développer son réseau international. Il n’a plus de rôle national à jouer au CD&V et on sait qu’il caresse des ambitions internationales (NDLR : comme secrétaire général de l’OTAN). Cela a certainement joué dans la répartition de compétences ».

Après les déclarations de Bart De Wever vous avez tweeté que la N-VA avait du mal à « laisser la réforme de l’état là où elle est ».

Bouteca: « La N-VA a promis que ‘pendant cinq ans, elle ne parlerait pas de la réforme de l’état’ alors qu’elle émet régulièrement des critiques à propos du Sénat. Le but final du parti demeure l’autonomie flamande et peut-être que De Wever souhaite garder le communautaire en veilleuse auprès de ses membres. Mais il est possible aussi qu’il heurte sa base. Si le poste fédéral de Commerce extérieur prouve son utilité et est maintenu, comme le suggère l’échevin du port d’Anvers Marc Van Peel (CD&V), il peut renforcer la Belgique, et ce alors que les nationalistes flamands veulent justement affaiblir la Belgique. Peut-être que la N-VA a commis une erreur stratégique en autorisant un portefeuille séparé pour le Commerce extérieur ».

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