« L’accord sur l’asile est positif, mais cet hiver sera problématique »

Pour Fred Mawet, directrice de l’ASBL Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers (CIRE), l’accord sur l’asile et les politiques de migrations intervenu hier est globalement positif, « mais c’est bien la moindre des choses », selon elle et ça ne changera pas le problème pour cet hiver.

Parmi les mesures prises par les négociateurs, il a été décidé de faire un plan de répartition des demandeurs d’asile sur le territoire. Ce seront donc, à l’avenir, les CPAS qui devront les prendre en charge. Mais, selon Fred Mawet, il semblerait que dans un premier temps, le plan de répartition soit proposé sur une base volontaire. « C’est déjà le cas, affirme-t-elle, et ce n’est pas efficace ». « Ce que nous voulons, c’est que le plan de répartition soit obligatoire dès maintenant. Sinon, nous n’aurons jamais les moyens nécessaires pour loger tout le monde cet hiver ».

Cependant, le fait que les demandeurs bénéficieront d’une aide matérielle au lieu d’une aide financière est positif pour le CIRE. « L’aide matérielle prend plus longtemps, mais elle oblige les gens à rester où on les installe. Ils n’ont plus le choix, mais ils seront également certains d’avoir un logement. »

Un seul ministre compétent

Dans ce nouvel accord, il est également prévu qu’un seul ministre soit compétent pour les matières d’Asile et de Migrations pour pouvoir croiser les données détenues par les différentes administrations telles que Fedasil, l’Office des étrangers et le ministère de l’Intérieur. C’est une bonne chose, pour Fred Mawet, mais il faudra tout de même être attentif à la manière dont ces données seront croisées. « On ne peut pas faire ça n’importe comment, il faudra faire attention à la déontologie », prévient-elle.

Une procédure accélérée L’accord prévoit aussi que la procédure soit accélérée. De 13 mois, on devrait passer à un délai de six mois pour disposer d’une réponse. Une fois de plus, la directrice du CIRE y met un bémol : « Si la qualité de traitement des dossiers reste la même c’est bien, sinon des recours seront introduits par les demandeurs d’asile et en général, ils les gagnent », affirme-te-elle.

Expulser les délinquants

Le nouveau gouvernement souhaite également accorder la priorité à l’expulsion des personnes qui ont commis un délit. Elles seront prioritairement conduites dans des centres fermés afin d’être éloignées du territoire. « Nous n’avons aucun problème avec le principe de renvoyer chez elles, les personnes en séjour illégal qui sont délinquantes », affirme Fred Mawet, « mais ce qui est plus problématique c’est que ces personnes sont envoyées dans centres fermés sur base d’une mesure administrative et non sur la base d’un jugement. Ces personnes devraient avoir le droit d’être jugées pour ce qu’elles ont fait ». Le fait d’enfermer des délinquants dans les centres fermés, prévus à la base pour des personnes qui n’ont commis aucun délit, pourrait créer la confusion parmi la population, selon la directrice du CIRE. Enfin, « dans bon nombre de cas, cette mesure n’est pas applicable. Simplement parce qu’il est impossible de renvoyer certaines personnes dans leur pays, pour diverses raisons. Dans ce cas, il est inutile de les mettre dans des centres fermés. »

En conclusion, la mise en oeuvre de ces nouvelles mesures va prendre du temps et la période hivernale sera sans doute encore problématique cette année en raison du manque de place pour accueillir les demandeurs d’asile, selon Fred Mawet. « Le gouvernement en affaire courante a pris des mesures pour recréer une centaine de places d’urgence, mais ce ne sera pas suffisant », déplore-t-elle.

M.G.

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