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L’accident de Sierre causé par « un acte de désespoir du chauffeur »

L’accident de bus de Sierre, qui avait coûté la vie à 28 personnes, dont 22 enfants, le 13 mars 2012, est dû à une manoeuvre consciente du chauffeur du véhicule, qui prenait un anti-dépresseur et qui a commis un acte de désespoir. Voilà ce qu’affirme Douglas De Coninck, journaliste d’investigation du Morgen.

L’accident de bus de Sierre, qui avait coûté la vie à 28 personnes, dont 22 enfants originaires de Lommel et Heverlee, le 13 mars 2012, n’en était en réalité pas un mais est plutôt dû à une manoeuvre consciente du chauffeur du véhicule, qui prenait un anti-dépresseur et qui a commis un acte de désespoir. Voilà ce qu’affirme Douglas De Coninck, journaliste d’investigation pour le quotidien flamand De Morgen et auteur d’un livre sur le sujet, « De busramp in Sierre: 1 pil, 28 doden » (La catastrophe de Sierre: 1 comprimé, 28 morts), présenté lundi.

Dans son ouvrage, Douglas De Coninck reconstruit le parcours du bus, notamment à partir des derniers SMS de son chauffeur, des déclarations d’enfants qui se trouvaient à l’intérieur et des données du tachygraphe du véhicule quant à la vitesse à laquelle celui-ci a embouti un mur du tunnel de cet autoroute suisse. Il s’est également appuyé sur une étude soulignant les effets secondaires négatifs de l’anti-dépresseur que prenait le chauffeur et dont il était en train de réduire la consommation.

Plusieurs membres de familles des victimes, présentes lors de la présentation du livre lundi, ont qualifié sa parution de soulagement car ils estiment n’avoir jamais reçu de réponses adéquates de la part de la justice suisse et que cet ouvrage les leur apporte. « Peut-être que cela mènera à une nouvelle enquête judiciaire », espère ainsi une mère. « Le chauffeur n’est pas coupable à nos yeux. Il est tout autant une victime que les enfants », commente une autre mère de victime, qui explique que ce que les parents cherchent à savoir, c’est comment une telle catastrophe a pu se produire. « Les réponses que la justice suisse n’a pas voulu donner, voire qu’elle a même retenues, Douglas De Coninck les donne. »

Cette mère cite ainsi un extrait du livre selon lequel le chauffeur a pénétré dans le tunnel à une vitesse de 100 km/h et a alors donné un coup de volant vers la droite, ce qui a fait aller le bus vers la zone refuge, en montant sur une bordure de 18 cm, avant d’emboutir un mur du tunnel. « Sur les images des caméras de surveillance, on ne voit pas une seule fois les feux des freins s’allumer. Cela démontre tout de même que le conducteur a roulé droit sur ce mur, non? « , s’interroge-t-elle. La justice suisse n’a, en outre, pas voulu enquêter sur deux MMS (des messages multimédia) évoquant un « dernier voyage pour Toptours » que le chauffeur avait envoyés à sa femme deux heures et demi avant l’impact, déplore la soeur d’une petite victime. Sollicitée par SMS et courriels par l’auteur du livre, la veuve du chauffeur n’a pas souhaité collaborer à l’ouvrage.

Des similitudes avec l’acte d’Andreas Lubitz

« C’est surtout lorsque vous mettez tous les éléments ensemble qu’il devient clair que quelque chose d’autre que le hasard est en jeu ici », explique le journaliste, qui a en outre trouvé une dizaine de similitudes avec l’acte de désespoir du copilote Andreas Lubitz, qui avait intentionnellement précipité un avion de la Germanwings contre le flanc d’une montagne dans le sud de la France en mars 2015.

Plusieurs membres de familles des victimes, présentes lors de la présentation du livre lundi, ont qualifié sa parution de soulagement car ils estiment n’avoir jamais reçu de réponses adéquates de la part de la justice suisse et que cet ouvrage les leur apporte. « Peut-être que cela mènera à une nouvelle enquête judiciaire », espère ainsi une mère.

Une énième gifle au visage »

La veuve du chauffeur du bus de Sierre n’est pas satisfaite du tout des affirmations du journaliste d’investigation Douglas De Coninck.

« Une énième gifle au visage, une énième tentative répugnante de détruire la mémoire de mon mari. Un journaliste d’investigation qui se croit apparemment plus intelligent qu’une équipe d’experts et de magistrats qui devaient juger si l’enquête avait été correctement menée et qui sont arrivés à chaque fois à la même conclusion », a-t-elle indiqué dans une réaction écrite, ajoutant ne pas encore savoir si elle allait entreprendre une démarche à l’encontre de la publication de l’ouvrage.

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