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L’abdication du roi ouvre le débat sur l’avenir de la monarchie

Le Vif

L’abdication prochaine du Roi a été l’occasion pour les groupes parlementaires de la Chambre de se prononcer une nouvelle fois jeudi sur la monarchie en Belgique que certains, au nord du pays, souhaitent voir réduite à un rôle protocolaire, le principal parti du pays, la N-VA, appelant depuis l’opposition à une sérieuse modernisation de l’institution, faute de majorité permettant d’évoluer vers un modèle républicain.

Remerciant, comme la plupart des autres formations, le Roi Albert II pour son engagement durant ses 20 ans de règne, et disant sa confiance en le futur Roi Philipe, le chef de groupe Open Vld, Patrick Dewael a une nouvelle fois plaidé jeudi en faveur d’une « monarchie protocolaire ».

L’effacement de tout rôle politique joué par le roi, même de conseiller, est également défendu par le CD&V mais en séance plénière jeudi, Raf Terwagne s’est montré plus évasif, se contenant d’affirmer que son parti était « ouvert au débat ». Défendant l’idée d’une « monarchie qui évolue avec son temps », il a rappelé que la fonction du Roi était limitée par la Constitution.

Parmi les partis francophones, Ecolo a été le plus loin pour demander, à travers l’intervention de Muriel Gerkens, de « poursuivre la modernisation » de la monarchie avec le prochain gouvernement fédéral.

Le roi a appelé lui-même à une évolution de l’institution, a-t-elle relevé comme d’autres. « Nous avons un an avant les prochaines élections. Nous aurons besoin d’un Roi aguerri pour accompagner la formation du prochain gouvernement. Il nous reviendra entre-temps de concrétiser la première étape de modernisation de la monarchie. Nous sommes prêts à prendre les responsabilités qui reviennent au politique pour ensuite poursuivre cette modernisation avec le prochain gouvernement », a-t-elle dit, disant à cet égard compter aussi sur le futur roi Philippe.

Appelant à un « rôle protocolaire », Stefaan Van Hecke (Groen) s’est dit prêt à ce que les articles de la Constitution soient déclarés ouverts à révision à cette fin, ce qu’a demandé Jan Jambon, chef de groupe N-VA.

Au-delà des réformes en cours, le PS, le cdH et le MR ont indiqué que la monarchie avait fait le choix de la modernité et de la stabilité.

Face à ceux qui veulent faire éclater le pays, Albert II « est devenu le Roi qui incarne la résistance », a aussi dit le chef de groupe PS, André Frédéric. Saluant son action, au nom de son groupe, qui n’est pourtant pas « un club de royalistes », le député a assuré que la monarchie restait le meilleur système dans le contexte belge actuel. Il a invité le Prince Philippe à continuer sur la voie de la modernité.

Tenant à peu près le même langage, le chef de groupe MR Daniel Bacquelaine a jugé « utile et nécessaire » la fonction royale vu les « mécanismes complexes » qui oeuvrent à l’édification du système fédéral belge. Il a dit entrevoir l’avenir avec « optimisme » et « confiance », en évoquant l’accession prochaine de Philippe qui a, selon lui, montré ses capacités, en matière économique notamment. Il continuera à faire de la monarchie une institution précieuse, dans la modernité, du monde notamment, a-t-il ajouté.

La cheffe de groupe cdH, Catherine Fonck, s’est laissée aller à un « merci Sire » après que le roi, dans la manière dont il a annoncé son abdication, a fait, selon elle, une nouvelle fois, preuve de « modernité », « signe d’une monarchie qui s’assume pleinement ». Avec Philippe, l’avenir est assuré, pour « tous les Belges », a-t-elle prédit.

Olivier Maingain (FDF) a mis en garde face aux velléités des tenants de la monarchie protocolaire ou de la république cachant mal des intentions séparatistes. « Alors que le geste du Roi Albert II est éminemment politique, ceux qui appellent à une fonction fantomatique de la fonction royale souhaitent que la Belgique évolue vers une coquille vide. Nous ne sommes pas dupes; ceux qui se disent attachés à la république, ce n’est pas parce que, profondément, ils sentent républicains, c’est parce que tout chef de l’Etat en place actuellement constitue un obstacle au projet qu’ils ont pour ce pays », a-t-il dit en substance.

Le sp.a a pour sa part souligné qu’il revenait à la responsabilité du futur Roi Philippe de poursuivre sur la voie de la modernité. « La fonction fait l’homme », a dit Karin Temmerman, en français dans le texte.

Quant au Vlaams Belang, il a profité de l’événement pour une nouvelle fois appeler à la suppression de la monarchie et à l’indépendance de la Flandre, l’extrême droite flamande invitant à organiser un nouveau « transfert », les francophones pouvant conserver le « roi des Wallons », mais cette fois, « avec les coûts » qui y sont liés.

En prélude aux interventions des députés, le Premier ministre Elio Di Rupo a une nouvelle fois rendu hommage au Roi Albert II et assuré son successeur, Philippe, de sa pleine confiance. Dans une communication à la Chambre, il est revenu sur le déroulement des événements qui se sont succédé durant cette journée « historique ». Le chef du gouvernement a annoncé la création d’une Task Force chargée de préparer le changement de règne et les cérémonies du 21 juillet. Cette Task Force dont la première réunion a eu lieu jeudi regroupe les différents services de l’Etat concernés par cette organisation.

« Le 21 juillet sera une journée de grandes réjouissances pour tous les Belges » alors qu’une « nouvelle dynamique » a été insufflée au pays, a dit le Premier ministre, applaudi sur l’ensemble des bancs, à l’exception de la N-VA, du VB et des indépendants Jean-Marie Dedecker et Laurent Louis. Dans les tribunes, se trouvaient plusieurs parlementaires d’autres assemblées et des présidents de parti, ainsi que le chef de cabinet du Roi, Jacques van Ypersele.

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