Gustaaf Van Eycken © Belga

Koen Geens autorise la sortie du vampire de Muizen

Le Vif

En Belgique, nul n’est depuis aussi longtemps en prison que lui. Il est l’auteur de trois meurtres qui ont eu lieu dans les années 1970. Malgré les avis négatifs, le ministre de la Justice vient pourtant de lui accorder une sortie.

Staf Van Eyken, 64 ans, vient de bénéficier d’une permission de sortie pour se rendre dans un monastère. Celle-ci lui a été accordée par le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) malgré plusieurs avis négatifs émanant du monde pénitentiaire.

L’homme est incarcéré depuis 43 ans. Ce qui fait de lui le plus ancien détenu des 11.000 personnes incarcéré en Belgique. Staf Van Eyken avait été condamné à perpétuité en 1974 pour les meurtres et viols, commis en 1971 et 1972, de trois femmes dans la région de Muizen (province d’Anvers). Les nombreuses morsures faites sur les victimes lui vaudront le surnom du vampire de Muizen.

Trois meurtres sanglants et une miraculée

Le premier meurtre remonte au 18 octobre 1971, lorsque la bonne d’un baron du textile de Malines est assassinée à Muizen. La victime a 18 ans et « un passé judiciaire ». Son meurtre ne remuera guère les foules à l’époque . Sauf que, le 22 décembre de la même année, un deuxième meurtre est commis. Il s’agit d’une femme de 43 ans, mère de trois enfants qui se trouve aussi être l’épouse d’un éminent professeur de droit et auteur reconnu. Des notables de la région donc. Détail sordide, le meurtrier viendra achever quelques heures plus tard la victime, lorsqu’il s’aperçoit qu’elle vit encore. Très vite on va relier les deux crimes entre eux. Ils ont été perpétrés à un kilomètre de distance dans des conditions similaires. Les femmes ont été violées, étranglées, poignardées et mordues.

L’affaire passionne la presse, alimentant à l’envi des théories fumeuses de complot qui impliquerait la haute société locale. Renforçant au passage la psychose d’un Jack l’Éventreur façon Malines. Une angoisse qui montera encore d’un cran lorsqu’est découvert, le 19 mars 1972, le corps d’une autre jeune femme. Cette troisième victime causera sa perte. Lorsque la police découvre le troisième cadavre, elle voit Staf Van Eyken passer à vélo. Trouvant son comportement suspect, les policiers le suivent et remarquent une tache de sang sur sa manche. Ils l’arrêtent sur-le-champ. Il avait dansé la veille avec la jeune fille de 19 ans au bal du bourgmestre et était le dernier à l’avoir vue vivante. En garde à vue, il avouera rapidement quatre meurtres. Il ignorait alors qu’une de ses victimes avait survécu à son attaque.

De l’enquête, il est aussi ressorti qu’il avait agressé sexuellement de nombreuses autres jeunes filles, mais comme il était mineur à l’époque des faits, cela ne sera pas retenu sur son casier.

Des sorties polémiques

L’homme a pu bénéficier de 86 permissions de sortie entre 1985 et 2006. En effet, depuis 1976, une circulaire ministérielle autorisait des sorties aux condamnés à perpétuité. La décision de supprimer ces sorties fut prise en 2006 par la ministre de la Justice de l’époque, Laurette Onkelinx, suite à l’agression d’un agent pénitentiaire.

Pourtant, en 2009, une sortie au café fait polémique. L’homme est vu en train de boire une bière avec d’autres détenus qui viennent d’être libérés dans un café de Louvain.

Staf Van Eyken, suppliait depuis 10 ans pour pouvoir faire des sorties. Celles-ci ne sont autorisées que pour raison judiciaire, familiale, ou médicale. Et donc pas pour des loisirs. Pourtant le ministre a accédé à sa demande sous le motif que, selon le porte-parole de Geens, ce genre de sortie sont nécessaire pour encore « se sentir un homme ».

Dans un livre de la journaliste de la VRT Machteld Libert, « j’ai tué un être humain », il confesse qu’il ne veut jamais être libéré et qu’il souhaite passer sa vie en prison de peur de recommencer une fois dehors. L’homme est rentré à l’âge de 21 ans en prison et ne rêve désormais que de quelques sorties.

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