Olivier Mouton

Joyeux anniversaire, monsieur Michel!

Olivier Mouton Journaliste

La suédoise s’offre une crisette pour fêter son anniversaire. Avec, une nouvelle fois, le CD&V comme pièce fragile de la coalition.

C’était il y a deux ans jour pour jour. Charles Michel prêtait serment à la tête d’une coalition inédite associant le seul MR à trois partis flamands de centre-droit : N-VA, Open VLD et CD&V. On allait voir ce qu’on allait voir, ce serait la coalition du changement, celle qui remettrait de l’ordre dans la baraque Belgique. Et force de reconnaître que du changement, il y en a eu : des réformes douloureuses, des changements de cap pour l’avenir… Avec un bilan qui n’est certes pas négligeable, tant sur le plan socio-économique que sur celui, forcé, de la sécurité suite aux attentats terroristes de Paris et de Bruxelles.

Par contre, en terme de culture politique, ce gouvernement ne change pas la donne belge. Il est en permanence traversé par les convulsions de ses partenaires, singulièrement du côté flamand. Les (nombreux) partis d’opposition francophones pariaient sur un MR laminé par les coups de boutoir de la N-VA. A vrai dire, ils se sont globalement trompés. Bien sûr, les provocations à répétition de Bart De Wever depuis Anvers et le retour de l’agenda confédéraliste ne sont pas de nature à rassurer les bleus. Mais les ministres nationalistes sont loyaux et ils deviennent même populaires en Wallonie.

Non, le facteur de déstabilisation, c’est le CD&V. Malmené dans les sondages, dont un du Standaard lundi qui le place à un minimum historique (16,8%), le parti chrétien cherche en permanence sa voie dans une coalition très à droite, qui le situe paradoxalement à la gauche de l’échiquier politique. On l’a comparé à un « nouveau PS », certains évoquent ironiquement une attitude « à la PTB » dans le cadre de ce budget où le vice-Premier Kris Peeters défend une taxe sur les plus-values. Ce qui frappe le plus, c’est toutefois l’attitude du parti : à plusieurs reprises, il a « boudé » pour se faire entendre.

Après deux ans de coalition, tant la N-VA que le CD&V jouent par moments la « participopposition » inventée par Ecolo dans le gouvernement Verhofstadt, au début des années 2000. Normal : les libéraux ont le Premier ministre et constituent la dorsale de cette coalition. Ce réflexe permanent pourrait ruiner le rêve, que cultivent certains, d’un prolongement de la suédoise au-delà de 2019. D’autant que, selon les sondages, elle ne disposerait plus de la majorité à la Chambre.

Cette crise de nerfs contraignant le Premier ministre, Charles Michel, à reporter sa déclaration de politique générale au parlement est un mauvais signal. Il risque de passer d’autant plus mal que le locataire du Seize est un perfectionniste qui ne souffre guère des approximations ou des frondes ostensibles. Que l’affront survienne au sein même de sa majorité, il aura du mal à le digérer.

Le MR voulait faire de ces deux ans le symbole d’une nouvelle Belgique, efficace et sur le (bon) chemin de la réforme. Il devra une nouvelle fois affronter les sarcasmes des gauches francophones à l’unisson. Oui, cela laissera des traces.

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