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Jonathan Holslag :  » La Belgique est assise entre deux chaises « 

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Précoce, Jonathan Holslag ! Les analyses percutantes de ce géopoliticien belge de 32 ans font autorité dans les milieux politique, diplomatique et militaire. Professeur de politique internationale à la VUB, il a fondé le Groupe du vendredi, un forum de réflexion pour jeunes flamands et francophones engagés dans la vie du pays.

Le Vif/L’Express : Où en sont les travaux du Groupe du vendredi ?

Jonathan Holslag : Nous avons publié trois rapports à ce jour. Nous sommes une vingtaine de jeunes de 25 à 35 ans engagés dans la vie du pays et soutenus par la Fondation Roi Baudouin. Nous préparons des documents stratégiques sur des défis-clés et alimentons le débat d’idées. Nous sommes partis du constat qu’en Belgique, il y avait peu de liens entre les « élites » du pays. Les secteurs de l’entreprise, de la politique, du droit, des relations internationales, de la science ou des arts sont très cloisonnés.

L’une des idées qui vous tient à coeur ?

C’est un constat : la Belgique manque de réactivité face aux bouleversements stratégiques internationaux. En clair, nous n’avons pas de politique étrangère. Vu son évolution institutionnelle, la Belgique est assise entre deux chaises. Notre gouvernement fédéral n’est pas capable d’assumer correctement ses fonctions internationales, mais la Flandre et la Wallonie ne sont pas en mesure de prendre la relève, de défendre leurs intérêts sur le plan mondial.

Vous prônez la régionalisation complète des relations extérieures ?

Il faut faire un choix : soit renforcer le niveau fédéral en la matière, soit donner un rôle plus clair et dynamique aux Régions. Aujourd’hui, le système belge ne fonctionne pas. Nous ne défendons pas efficacement nos intérêts économiques à l’étranger et nous ne parvenons plus à maintenir notre influence dans les enceintes et organisations internationales. Que pèsent la Belgique et ses régions faibles au niveau européen, alors que des pays comme l’Allemagne ou la France disposent de nombreux relais et lobbies influents au Parlement et à la Commission ?

Etes-vous de ceux qui craignent les turbulences politiques et les blocages au lendemain des élections du 25 mai ?

Plus qu’un blocage, je crains que perdure l’ambiguïté politique, la focalisation sur l’institutionnel, alors que devraient primer le renforcement de notre secteur économique et la création d’un nouveau modèle social plus dynamique. Nos politiques vont-ils prendre la mesure des défis qui nous attendent ? Rien ne l’indique aujourd’hui. Je ne suis pas optimiste pour ces cinq prochaines années.

L’intégralité de l’interview dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

La crise en Ukraine mène-t-elle à une nouvelle guerre froide ? Pourquoi la montée en puissance de la Chine ne pourra être éternellement pacifique. L’Europe a-t-elle un rôle à jouer sur le grand échiquier asiatique ?

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