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Jean-Michel Javaux fait ses adieux

Jean-Michel Javaux fera dimanche ses adieux à la co-présidence d’Ecolo, plus de 8 ans après la reprise en mains de Verts francophones à la dérive. En quelques années, il est parvenu à réinscrire durablement dans le jeu politique le parti écologiste, dont certains prédisaient la disparition en 2003, et à le ramener au pouvoir dans les Régions et Communauté.

Né en 1967, ce licencié en sciences politiques de l’ULB, titulaire d’une maîtrise de l’Univerisité de Hull en Grande Bretagne et d’un diplôme de la High School de Filmore aux Etats Unis, se tourne d’abord vers le secteur privé, en étant responsable des exportations d’une PME du Brabant wallon, avant de s’engager en politique sous les couleurs vertes. Il est séduit par le programme d’Ecolo dirigé alors par Jacky Morael, père en politique de Jean-Michel Javaux.

Elu en 1994 au conseil communal d’Amay, son village d’origine, il mène l’opposition contre son bourgmestre, le socialiste Robert Collignon, ministre-président wallon. A cette époque, il est également assistant parlementaire de la députée Martine Schüttringer. De 1997 à 1999, il présidera le Conseil de la Jeunesse d’Expression Française (CJEF) qui fédère de nombreuses associations de jeunesse, dont la FEF

d’où sont issues quelques personnalités d’Ecolo: Jean-Marc Nollet, Philippe Henry ou Emily Hoyos.

En 1999, il est élu au parlement wallon après la vague verte d’un scrutin qui se solde par le renvoi des sociaux-chrétiens dans l’opposition. Alors que la coalition arc-en-ciel se met en place, rassemblant écologistes, socialistes et libéraux, il hérite de la présidence de la commission des Affaires intérieures de l’assemblée.

Au sein d’Ecolo, dont la participation au pouvoir exacerbe la querelle entre « realos » et « fundis », Javaux se range du côté des premiers. A cette époque, on retrouve d’un côté des personnalités comme Jean-Marc Nollet, Christos Doulkeridis, Isabelle Durant, Eric Biérin, Christophe Derenne, Jacky Morael, Marcel Cheron, etc. De l’autre, Bernard Wesphael, Paul Timmermans, Paul Lannoye ou Josy Dubié.

Jean-Michel Javaux gardera toujours ses distances à l’égard du secrétariat fédéral élu en 1999, après l’éviction de Jacky Morael, et dominé par Philippe Defeyt et Jacques Bauduin. En coulisses, il ne cachera d’ailleurs pas tout le mal qu’il pense de l’initiative de rapprochement avec le PS, dans le cadre du pôle des gauches, lancée par Jacques Bauduin et y mettra d’ailleurs officiellement fin lorsqu’il accédera la direction du parti.

Le scrutin législatif de 2003 s’apparente à une véritable Bérézina pour les Verts, laminés après 4 ans de participation au pouvoir. Pour reprendre le parti en mains, deux équipes s’affrontent, révélatrices du clivage de 2002: Jean-Michel Javaux et Evelyne Huytebroeck face à Bernard Wesphael et Paul Lannoye. Les premiers l’emportent avec près de 60 pc des voix des militants.

Devenu l’homme fort d’Ecolo, Jean-Michel Javaux réorganise le parti, le professionnalise, apaise les querelles fratricides qui faisaient les délices des médias, veille à la mise sur pied du centre d’études Etopia, impose quelques nouvelles figures, etc.

En 2006, les Verts assoient leur présence dans les majorités communales. Jean-Michel Javaux conquière ainsi Amay, devenant le deuxième bourgmestre d’Ecolo, après Jean-Luc Roland en 2000 à Ottignies.

En 2007, lors du scrutin fédéral, Ecolo relève la tête après ses défaites de 2003 et 2004 en envoyant sept députés à la Chambre. Cette année est aussi celle du début de la longue crise communautaire.

Tout en formant un groupe commun avec Groen! au parlement, les Verts s’inscrivent dans la stratégie d’union francophone avec le MR, le PS et le cdH face aux revendications flamandes.

L’année 2009 sera incontestablement celle du succès électoral: les socialistes paient le prix des affaires et les écologistes ravissent la troisième place au cdH. Ecolo impose ses conditions pour la formation des majorités Olivier en Régions et Communauté, en particulier dans le domaine de la bonne gouvernance et par le biais d’un plan Marshall… 2.vert.

En 2010, dans un contexte marqué par une crise communautaire plus exacerbée que jamais, les Verts ne rééditent pas leur score de l’année précédente. Ils perdent près d’un tiers de leurs voix et retrouvent la quatrième place des partis francophones derrière un cdH lui aussi affaibli. Ecolo sera pourtant associé aux négociations communautaires par un Elio Di Rupo désireux de planter l’Olivier au fédéral. Ecolo participera à la conclusion d’un accord un an et demi plus tard mais sera tenu à l’écart des négociations gouvernementales par des libéraux flamands qui craignent une majorité penchant trop à gauche.

Arrivé au bout de son deuxième mandat, Jean-Michel Javaux choisit de s’en aller après la conclusion de l’accord communautaire, se disant lui-même fatigué et soucieux de consacrer à nouveau du temps à sa famille et à sa commune. Ses projets futurs demeurent encore flous.

Il évoque la nécessité d’approfondir les relations entre Ecolo et le monde économique, sans en dire plus.

Personnage à l’aise dans les médias, au profil pragmatique, parfois centriste, catholique affiché -son « coming out » dans la presse sur ce sujet ne lui a pas valu que des amis-, Jean-Michel Javaux a profondément marqué Ecolo comme avant lui Jacky Morael. Il a exercé ses mandats de secrétaire fédéral et puis de co-président en compagnie d’Evelyne Huytebroeck, montée au gouvernement bruxellois en 2004 et remplacée par l’ancienne secrétaire fédérale et vice-première ministre Isabelle Durant, elle-même remplacée en 2009 par Sarah Turine.

Trois duos briguent la succession de la co-présidence Javaux-Turine: Olivier Deleuze et Emily Hoyos, le tandem le mieux coté et le plus proche de l’appareil du parti, Muriel Gerkens et Benoît Hellings, et Bernard Wesphael qui brigue cette fonction pour la deuxième fois en compagnie de Marie Corman.

Le Vif.be, avec Belga

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