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Jean-Marie Kuhn débouté contre Albert Frère

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Dans le cadre de l’affaire Quick qui l’oppose à Albert Frère, l’homme d’affaires français a perdu la bataille devant les juridictions belges. Mais il ne s’avoue pas encore vaincu… Il annonce une action devant la Cour européenne des droits de l’homme et devant la justice américaine.

La Cour de Cassation a déclaré irrecevable, ce 5 juin, le pourvoi introduit par Jean-Marie Kuhn concernant l’affaire Quick. Cet homme d’affaires français se bat, depuis près de dix ans, contre Albert Frère. En cause : la vente, en 2006, de la société Quick Restaurants par le groupe Frère à une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) qui est le bras financier de l’Etat français. Selon Kuhn, la CDC aurait racheté Quick à un prix surévalué : sa valeur réelle de 300 millions d’euros aurait été artificiellement gonflée à 800 millions.

Pour Jean-Marie Kuhn, il s’agissait d’un arrangement avec Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence de la République et ami de Frère, dans le cadre de la fusion GDF-Suez. Du côté du groupe Frère, on expliquait alors que le chiffre d’affaires de Quick avait été modifié dans le rapport d’activités de 2004, incluant les produits de franchise, pour se conformer aux nouvelles normes comptables IFRS (International Financial Reporting Standards ), adoptée par l’Union européenne en 2002 (Le Vif/L’Express du 26 janvier 2010).

L’homme d’affaires français avait tenté de saisir la justice de Paris, en 2007. En vain. Toutes ses plaintes ont été rapidement jugées irrecevables. En juillet 2009, il s’est alors tourné vers la justice belge, à Charleroi, dans le fief-même d’Albert Frère, où le procureur du roi d’alors Christian De Valkeneer a décidé de confier l’enquête à la juge France Baeckeland, connue pour sa détermination dans les dossiers carolos. Mais, cinq ans plus tard, la chambre du conseil de Charleroi et la chambre des mises en accusation ont finalement déclaré irrecevable la constitution de partie civile de Jean-Marie Kuhn. Restait le pouvoir en Cassation. La décision vient donc de tomber. Le plaignant a perdu la partie devant toutes les juridictions belges.

L’avocat d’Albert Frère, Me Jean-Philippe Mayence, souligne que ces juridictions ont stigmatisé le fait que le plaignant poursuivait, dans cette affaire « un objectif de vengeance personnelle visant Albert Frère ». Kuhn était, en effet, brouillé avec Frère depuis les années 1990 à la suite d’une opération commerciale qui a mal tourné pour le Français. De son côté, Jean-Marie Kuhn déplore le changement de magistrats à Charleroi, De Valkeneer et Baeckeland ayant été appelés à prendre d’autres fonctions. Il annonce surtout vouloir saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Il compte également transmettre le dossier à la justice américaine, en vertu des points de rattachements de la CDC et de la galaxie Frère/Desmarais avec les Etats-Unis.

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