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Jean-Claude Marcourt: « Renforcer Bruxelles, c’est stabiliser la Belgique »

Après les socialistes bruxellois Charles Picqué et Laurette Onkelinx, c’est au tour du vice-président PS du gouvernement wallon, Jean-Claude Marcourt, de se prononcer sur l’avenir de Bruxelles.

Depuis le début des années 1970, la Belgique a connu de nombreuses réformes institutionnelles, qui se sont succédé à un rythme parfois effréné. L’encre était parfois à peine sèche que des nouvelles exigences apparaissaient déjà du côté flamand. En ira-t-il différemment avec la prochaine réforme de l’Etat?
Jean-Claude Marcourt. C’est un espoir vers lequel il faut tendre. On vit effectivement une espèce de poison permanent. Vous avez raison: à chaque fois, un accord est engrangé, et on va aussitôt au-delà.

Les francophones doivent-ils engager les négociations avec la volonté de nouer un accord qui « tiendrait » vingt ou trente ans?
Je serais assez heureux qu’on puisse stabiliser le système institutionnel belge. Pour y arriver, je pense qu’il faut sortir certains cailloux du soulier. Parmi ces cailloux, il y a le sous-financement de Bruxelles. Il faut donner à Bruxelles les moyens qu’elle mérite pour en faire une Région au même titre que les deux autres, et construire de cette façon un modèle plus équilibré. La Belgique repose sur un double fédéralisme, composé de communautés et de régions. Tout le monde sait que, moi, je suis très attaché à la primauté des Régions. C’est à mon sens la seule manière de défendre Bruxelles et de stabiliser l’Etat fédéral, puisque cela revient à rompre avec la logique flamande. Les Flamands n’ont jamais considéré Bruxelles comme une vraie région.

Certains hommes politiques néerlandophones disent qu’il faut donner à Bruxelles les compétences d’une ville, pas d’une région. Que leur répondez-vous?
Bruxelles est atypique, hétérodoxe, aussi bien par rapport à la Flandre que par rapport à la Wallonie. C’est une Région particulière, avec sa propre histoire et sa propre structure. Il vaudrait mieux la conforter dans le rôle d’une Région autonome, sur un pied d’égalité avec les deux autres, plutôt que de continuer à bricoler quelque chose de bancal autour de Bruxelles. Je suis pour un renforcement de Bruxelles. L’émergence d’une conscience bruxelloise est un élément majeur. Il faut permettre à Bruxelles d’assumer les enjeux de demain: l’enjeu démographique, l’enjeu multiculturel, l’enjeu social…

Si jamais le délitement de la Belgique se précisait, qu’adviendrait-il de Bruxelles?
Que Bruxelles se détermine! C’est le rôle des Bruxellois de décider comment ils voient leur avenir par rapport aux deux autres Régions. Personnellement, j’espère que les Bruxellois choisiront de s’associer avec la Wallonie. Mais ça, c’est leur responsabilité. Ce n’est pas à moi de décider à leur place.

Entretien: François Brabant

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