Jean-Charles Luperto © Belga

Jean-Charles Luperto est inculpé d’outrage public aux moeurs en présence de mineurs

Le député wallon Jean-Charles Luperto a été inculpé d’outrage public aux bonnes moeurs en présence de mineurs d’âge mais il reste libre, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat Me Pascal Rodeyns.

« Le mandataire socialiste est toujours sous couvert d’immunité parlementaire et il continue à contester le chef d’inculpation », précise Me Rodeyns. Jean-Charles Luperto, bourgmestre toujours en titre de Sambreville, député wallon et président démissionnaire du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles est soupçonné d’outrage public aux moeurs en présence de mineurs sur l’aire d’autoroute de Spy (Namur). Il a reconnu s’être rendu sur cette aire de repos afin d’y faire des rencontres mais conteste totalement s’être exhibé en public. Contacté par l’agence de presse Belga, le PS n’a pas souhaité commenter cette annonce.

Le parquet pourrait demander la levée de l’immunité parlementaire de J.-C. Luperto

« Pour le parquet, la probabilité de demande de levée de l’immunité parlementaire de Jean-Charles Luperto est grande. La question du mandat d’arrêt n’est clairement pas d’actualité », a souligné mercredi soir le procureur du Roi de Namur, Vincent Macq, lors d’une conférence de presse. Le député-bourgmestre de Sambreville a été inculpé mercredi matin par le juge instruction Philippe Olivier pour cinq faits distincts d’outrage public aux moeurs entre le 1er avril et le 31 août dernier à Spy (Jemeppe-sur-Sambre), dont deux faits en présence de mineurs de moins de 16 ans.

Il s’agit de faits d’exhibitionnisme dans les toilettes de l’aire d’autoroute de Spy sur la E42. Quatre témoins directs ont été entendus sous serment par le juge d’instruction pour quatre faits distincts, confirmant les propos tenus lors des premières auditions auprès des enquêteurs. Le cinquième témoin, un mineur, a été auditionné par le biais d’une audition vidéo-filmée vu son jeune âge. Une expertise est en cours afin de s’assurer que l’audition est non suggestive, c’est-à-dire que les propos de l’enfant n’ont pas été induits par l’interrogateur. Concernant l’autre fait qui aurait eu lieu devant des mineurs, un témoin direct indique la présence de mineurs. Une cinquième personne avait réagi depuis les perquisitions de novembre dernier et l’annonce du dépôt de quatre plaintes. Au total, cinq plaintes ont été déposées, de même qu’une sixième « où tout indique que les faits sont proscrits pour autant qu’ils soient établis », assure le procureur. Ces personnes ne se connaissent pas et n’ont pas de liens entre elles. « Elles viennent de villes et de milieux différents, ont des âges différents… Il est possible que deux se connaissent mais c’est à vérifier », ajoute Vincent Macq.

Jean-Charles Luperto n’a pas été arrêté. « Les arrestations sont peu fréquentes dans ce type de délinquance, même si, en cas de levée de l’immunité parlementaire, techniquement, il pourrait être arrêté. La levée de l’immunité permettrait d’avoir un acte de contrainte, comme le maintien en liberté sous conditions, ou d’avoir un débat en chambre du conseil et de pouvoir prendre des mesures, vu comme le dossier est en train de se constituer. Les éléments sont suffisamment sérieux pour que cette question soit débattue à un moment donné. Tout dépendra du temps et du contenu des devoirs en cours et complémentaires. La responsabilité relève du parquet général », explique-t-il.

Le député-bourgmestre « nie carrément » les faits qui lui sont reprochés.

« Les éléments avancés par M. Luperto ne lui sont pas reprochés. On ne parle pas de dérives. On n’est pas en train de s’intéresser à la sexualité de quelqu’un lorsqu’elle se passe entre des personnes majeures et consentantes, ni à ses activités politiques. C’est un citoyen », a précisé le procureur du Roi de Namur. L’inculpation de Jean-Charles Luperto lui donne accès au dossier (l’ordonnance d’accès a été prise mercredi par le juge d’instruction) et lui permet de demander des devoirs d’enquête complémentaires. Plusieurs devoirs sont encore à poser, ceux que le juge d’instruction et/ou l’inculpé demanderont ainsi que l’expertise en cours concernant les propos de l’enfant. Un examen psychologique a été proposé par le juge d’instruction au mandataire socialiste.

Le procureur du roi de Namur n’a pas souhaité communiquer la réaction de l’homme politique, conseillant à la presse d’interroger ses avocats à ce sujet. Le procureur du Roi de Namur a rappelé que la présomption d’innocence restait de mise: « Selon le code d’instruction criminelle, une personne inculpée est quelqu’un contre qui il existe des indices sérieux de culpabilité. Ce n’est pas une condamnation. » Le second dossier concernant la violation du secret professionnel après les fuites qui ont alimenté la presse suit son cours. Constitué partie civile, le député-bourgmestre a été entendu mardi par un juge d’instruction différent de celui en charge du premier dossier. « Nous avons des pistes actives. Des personnes ont commencé à être entendues. D’autre le seront. Je dois vous dire ma détermination dans ce dossier », a affirmé Vincent Macq.

Le député-bourgmestre accueille son inculpation avec sérénité et détermination

Jean-Charles Luperto accueille son inculpation « avec sérénité et détermination », ont indiqué mercredi ses avocats Mes Pascal Rodeyns et Marc Preumont dans un communiqué.

« Cette inculpation constitue une nouvelle étape attendue dans la procédure judiciaire. M. Luperto et nous-mêmes allons pouvoir entreprendre l’analyse des faits exacts qui lui sont reprochés sur base d’éléments concrets et non pas sur base d’informations incertaines, incomplètes, voire anonymes », déclarent-ils. Le député-bourgmestre a sollicité l’accès au dossier qui lui a été accordé et a contesté les motifs de son inculpation. « Il sollicitera tout devoir complémentaire nécessaire à la manifestation de la vérité et de la réalité des faits », ajoutent-ils. « Après l’acharnement médiatique dont notre client a été la victime, il est désormais grand temps que l’enquête avance en respectant le secret de l’instruction. L’effacité des devoirs d’enquête qui restent à accomplir, notamment à décharge, nécessite que ce secret soit préservé. La volonté réaffirmée de notre client est que la justice fasse la lumière sur cette affaire. Nous espérons que la vérité judiciaire sera rapide et pourra enfin permettre à un homme, mais également à sa famille et à ses proches, de revivre sereinement », font remarquer les avocats.

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