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« Je suis un apparatchik. Pas pour autant un magouilleur »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le PS et Jean-Pol Baras, c’est à la vie à la mort. Inusop, Agusta-Dassault, affaires carolos : il fut le secrétaire général d’un parti emporté dans la spirale des scandales. Il n’est pas du genre à trahir les secrets de famille. L’homme de l’ombre est ensuite parti pour la Ville-Lumière. L’apparatchik s’est reconverti en diplomate de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Paris. A 65 ans, ce fin lettré et érudit discret prend congé de la vie active avec les insignes d’officier de la Légion d’honneur remis par François Hollande.

Le Vif/L’Express : Au soir du scrutin fédéral du 13 juin 2010 qui a vu le triomphe de la N-VA, vous avez décodé le vote flamand comme un vote « surtout émotionnel. » Rebelote le 25 mai 2014 ?

Jean-Pol Baras : J’espère que le pragmatisme l’emportera. Les gens se réfugient dans le nationalisme plus par émotion que par choix. En France, plus de 60 % des électeurs de Marine Le Pen ne connaissent pas son programme. Ce qui se produit avec la N-VA touche à l’épiderme des citoyens. Le constat vaut aussi pour les Hongrois qui votent Viktor Orban.

Le 25 mai prochain, Bart De Wever pourrait avoir rendez-vous avec l’Histoire. Vous lui trouvez une envergure d’homme d’Etat ?

Les groupements nationalistes fécondent en général des personnalités sans grand intérêt. Bart De Wever n’est ni un petit comique, ni un farfelu. Ses idées peuvent être combattues, elles ne sont pas toujours absurdes pour autant.

Elio Di Rupo sera-t-il cet homme providentiel seul capable de contrer Bart De Wever ?

Je lui souhaite en tout cas de continuer à diriger le pays comme il le fait, c’est-à-dire fort bien. C’est déjà formidable qu’un francophone gouverne au 16, rue de la Loi. Et socialiste de surcroît.
Secrétaire général du PS durant plus de dix ans : la cuisine interne du parti n’avait plus de secrets pour vous. Cela fait de vous un homme redoutable et… redouté ?

Je connais beaucoup de choses sur le parti. Mais même si on me soumettait à la torture, je serais incapable de livrer des secrets majeurs. En revanche, j’ai appris beaucoup sur la gent humaine, la psychologie de l’individu. Ses ambitions, ses faiblesses, ses relations au pouvoir. Vous savez, un compromis ou un arrangement ne sont pas que des gros mots en politique.

Ce parti, vous lui devez tout ?

Ma carte du PS est plus vieille que moi ! Mon père m’a affilié quand ma mère était enceinte de six mois. Comme le sexe de l’enfant n’était pas connu, seule la case du prénom n’avait pas été remplie. Je suis né dans le coron Mitant-des-Camps, à la Louvière, Mon père a d’abord été mineur, puis le chauffeur du premier bibliobus de Belgique. Il était la cheville ouvrière de la section locale du PS. Mes parents sont devenus gérants de la Maison du Peuple de la Louvière.

Apparatchik, et fier de l’être?

C’est la vérité, je l’assume. Ce n’est pas pour cela qu’on est un salaud ou un magouilleur. Je crois avoir servi le PS de la manière la plus honnête qui soit.

En bon petit soldat?

Je préfère le mot serviteur.

Le serviteur s’est-il retrouvé un beau jour parachuté par le parti à Paris ? Votre reconduction dans la fonction de délégué de la FWB en 2012, malgré une modeste cinquième place sur une liste de sept candidats, a fait jaser.

C’est injuste et immérité. J’ai souhaité terminer ma carrière à Paris parce que je savais que j’avais le bagage et la capacité pour y représenter la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’histoire que j’entretiens avec Paris est bien antérieure à 2008 et à ma première désignation. Mon travail a d’ailleurs été reconnu. Je n’aurais pas ambitionné le poste de délégué à Québec ou Kinshasa.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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