Jean-Luc Crucke (MR) © BELGA

« Je n’aime pas le passé de certains élus N-VA »

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

En octobre 2013, Jean-Luc Crucke évoquait la possibilité d’un gouvernement fédéral réunissant MR et N-VA. Ce qui lui avait valu une volée de bois vert. Douze mois plus tard, la prédiction du député libéral est devenue réalité. Mais le bourgmestre de Frasnes-lez-Anvaing est resté simple parlementaire. Au moins, cela lui permet-il de garder sa liberté de ton.

Le Vif/L’Express : De rares parlementaires MR ont exprimé leur malaise quand ils ont appris que des élus N-VA avaient participé à des réunions en présence d’anciens activistes pronazis. Cette polémique vous a-t-elle gêné aux entournures ?

Oui, c’est clair. Je n’aime pas ce passé de certains élus N-VA. Le libéralisme, cela recouvre l’héritage des Lumières, la défense de la liberté et des différences. Je n’aime pas ceux qui ont des parcours liés à une certaine forme d’intolérance. Je ne suis pas membre de la N-VA et je n’ai pas à porter d’autre jugement. Ceux qui ont un passé qui frôle parfois l’extrémisme, je les plains plus qu’autre chose, c’est tout.

Avant les élections, vous avez aussi plaidé pour une majorité régionale PS-MR. Là, vous n’avez pas été entendu.

Je pensais que la Wallonie avait besoin d’un pouvoir très fort, car le moment est difficile. Le PS a fait un autre choix, il a fait le choix du CDH, et le CDH s’est empressé de dire « amen », comme à son habitude. Cela ne change rien à ma conviction profonde : si on veut sauver ce pays, cela passera par quatre Régions fortes. Et plus elles seront fortes, plus elles se respecteront. Au fédéral, il fallait un stop institutionnel. Mais celui qui pense qu’il n’y aura pas de septième réforme de l’Etat, il se trompe. On doit pousser notre système à maturité. Dès aujourd’hui, il y a des choses à faire entre Wallons et Bruxellois. Certaines compétences sont bien gérées si on se met ensemble. D’autres le seront mieux au niveau régional. Il est aberrant que les Régions soient compétentes en termes d’emploi et d’économie mais n’aient aucune latitude pour agir en amont, c’est-à-dire au niveau de l’éducation. C’est un non-sens, car il existe de profondes différences entre Bruxelles et la Wallonie, liées à l’histoire industrielle. Selon moi, tout l’enseignement – maternel, primaire et secondaire – doit se retrouver dans les mains des Régions. Comment peut-on écrire un plan Marshall 4.0 avec deux ministres-présidents différents ? Le premier, Paul Magnette, n’a aucune compétence sur l’enseignement. Et le second, Rudy Demotte, n’est guère compétent non plus, puisque c’est la ministre Milquet qui détient 90 % des budgets de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce montage est schizophrénique ! Ils se sont tous réservés une place au soleil, mais malheureusement, derrière eux, la Wallonie reste dans l’ombre. Cela fait vingt-cinq ans que cette Région souffre d’immobilisme. Nous avons 250 000 chômeurs. Le taux de chômage le plus élevé d’Europe. On est derrière les pays de l’Est ! Je suis désolé : qu’on ne vienne pas dire que ça fonctionne ! Est-ce la faute d’un seul parti ? Non. Mais on se grandirait à reconnaître que les méthodes utilisées ces vingt-cinq dernières années ne sont pas les bonnes. On n’a pas joué avec le XXIe siècle. On a parfois tenté de le faire, notamment avec les pôles de compétitivité, mais c’est insuffisant.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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