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Jambon: « Une personne issue de l’appareil policier a gaffé »

Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, a pointé du doigt vendredi le travail de l’officier de liaison de la police fédérale belge à Istanbul. Informé de l’interpellation du djihadiste présumé Ibrahim El Bakraoui et par la suite de son passé criminel, il a tardé à réagir, estime le ministre qui a annoncé l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre cet agent.

« Je ne peux que conclure qu’une personne a été pour le moins négligente, pas très pro-active, ni très engagée », a déclaré M. Jambon devant les commissions réunies de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères de la Chambre. « Une personne issue de l’appareil policier a gaffé », a-t-il ajouté.

Le 26 juin 2015, l’officier de liaison belge est informé par les autorités turques de l’arrestation d’Ibrahim El Bakraoui à la frontière avec la Syrie. Le 29 juin, il demande à la Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) de la police, dont relève la cellule terrorisme, si cette personne était connue. Celle-ci l’informe du passé criminel de l’intéressé, connu pour des faits de banditisme, et souhaite connaître le motifs de son interpellation.

Le 14 juillet, les autorités turques informent à 10h14 l’ambassade de Belgique de l’expulsion d’Ibrahim El Bakraoui vers les Pays-Bas qui a lieu à 10h40. Le lendemain, l’officier de liaison apprend au cours d’une réunion que l’homme a été arrêté pour des faits en lien avec le terrorisme mais qu’il doit poser une question écrite pour en savoir plus. Il ne s’exécutera par courriel que le 20 juillet. Entre le 29 juin et cette date, il n’y a plus de communication entre l’officier et la DJSOC.

Le 20 juillet, l’officier de liaison lui fera savoir qu’Ibrahim El Bakraoui a été arrêté pour motif de terrorisme et qu’il a été expulsé le 14 juillet. Les services turcs ne répondront quant à eux par écrit que le 11 janvier. Quatre réunions avec l’officier de liaison ont eu lieu entre-temps.

« Aucun service n’a commis de faute »

Aucun service n’a commis de faute, estime le ministre, mais un homme. M. Jambon a jugé qu’il lui incombait d’en assumer la responsabilité politique. Il a donc proposé au Premier ministre sa démission, mais Charles Michel l’a refusée. Les explications n’ont pas convaincu tout le monde.

Dans la majorité, le chef de groupe Open Vld, Patrick Dewael, ancien ministre de l’Intérieur, a mis en garde le ministre contre la tentation de cibler une personne. « Le passé m’a enseigné que l’on doit faire attention à ne pas crucifier des gens en public quand ils ne peuvent pas venir s’expliquer ».

Le chef de groupe Ecolo, Jean-Marc Nollet, a dit ressentir un « malaise ». « Vous avez décidé de tout concentrer sur la responsabilité de l’officier de liaison. Quand on liste les questions qui restent, on va bien au-delà de cette seule responsabilité », a-t-il dit. « Je ne peux pas vous suivre quand vous dites qu’il y a eu une négligence isolée. Il y a eu une chaîne de défaillances », a fait remarquer Georges Dallemagne (cdH).

La cheffe de groupe PS, Laurette Onkelinx, a demandé que l’officier en question soit entendu par la future commission d’enquête parlementaire. Johan Vande Lanotte (sp.a) estime quant à lui qu’il faut aussi savoir ce qui s’est passé au sein de la police fédérale en Belgique. Le ministre de la Justice, Koen Geens, n’a pas visé une personne en particulier mais il a reconnu que l’information venant de Turquie n’avait pas été « optimalement traitée ». « Même si la Turquie ne vous informe que le 11 janvier de la raison pour laquelle il (Ibrahim El Bakraoui) a été arrêté, on aurait pu le deviner en fonction de l’endroit où il a été arrêté », a-t-il fait remarquer.

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