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J’y étais et tout est vrai : Avec Di Rupo chez les socialistes brabançons

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Posé, appliqué, absorbé. Fatigué peut-être ? Qu’importe, les apparences sont sauves : le noeud pap’ est toujours impeccablement aligné, la mise toujours aussi soignée, le personnage toujours aussi contrôlé.  » The show must go on « . Elio Di Rupo est en tournée. Le président du PS a un ouvrage à promotionner. De  » Nouvelles conquêtes  » à faire partager.

Jeudi soir, il a fait étape à Nivelles. C’est André « toujours dispo » Flahaut qui invitait. Et le gentil organisateur a eu l’oeil. La salle retenue à l’Hôtel Nivelles-Sud est admirablement calibrée pour que l’orateur fasse salle comble et n’ait pas à deviser devant des chaises vides qui font toujours mauvais effet.

Elio Di Rupo n’a évidemment pas fait le déplacement pour prendre des coups. Pour s’épancher sur le PS qui tire la langue, sur le parti dans les cordes et en proie au doute existentiel qu’il préside. Il est venu disserter sur ses « Nouvelles conquêtes », « à gauche, pour un monde plus juste ». Tout un programme. Toute une mission… impossible ? La question idiote ne sera jamais posée ouvertement. Même si, a averti l’auteur en guise de préambule, « il n’y a pas de mauvaises questions. Mais je dois être parfois prudent dans les réponses ». Cet engagement-là sera respecté à la lettre.

L’assistance, massivement militante, ne lui en tient nullement grief. Les socialistes brabançons n’ont pas la réputation d’être les plus rebelles, les plus frondeurs. L’échantillon présent jeudi soir, une centaine de personnes, se montre bon public. S’abstient d’exprimer une franche colère, de crever un abcès, de contester la ligne présidentielle. Pas de questions qui dérangent, qui fâchent, qui indisposent. L’humeur n’est pas au « dégagisme ».

On prend de la hauteur. On échange sur la réduction du temps de travail, sur l’exception culturelle, sur l’Europe : « Ah ça, ç’est mon grand dada », s’anime le président. Sur le lien que le PS devrait renouer avec des intellectuels engagés : « C’est une faiblesse qu’il faut pallier. J’aimerais dégager du temps pour cela mais garder en équilibre un parti comme le PS demande une énergie considérable », confesse le président. Sur la raison d’être d’un parti politique : « L’absence de partis serait un affaiblissement sans nom, qui irait à l’encontre des citoyens », martèle le président.

« Le MR a un poids politique déterminant »

Un plus téméraire se lance. Presse gentiment le président de jeter le masque. « Méfions-nous des flatteurs qui caressent dans le sens du poil ceux qui détiennent le pouvoir. Que va faire le parti en 2019 ? Je crains qu’on ne courtise un peu beaucoup le MR en vue de futures majorités. Cela m’inquiète et inquiète beaucoup de militants. Il faut clarifier les orientations futures en termes d’alliances politiques. Sinon, les militants partiront au PTB ou chez Ecolo ! »

Houlà, camarade, avec quoi viens-tu ? Derrière son pupitre, le président cille à peine face à ce mini-pavé dans la mare. Le début de feu de broussaille est maîtrisé en un éclair de lucidité. « Tentons d’abord de faire de notre mieux, de reconquérir la confiance des citoyens par nos idées et nos comportements. Le plus important pour le parti est d’abord d’engranger des résultats. Les cures d’opposition n’ont pas toujours été couronnées de succès. Je ne dirai jamais un mot ni pour le MR ni pour le PTB. Nous travaillerons avec qui nous pourrons travailler. Les libéraux sont aujourd’hui dans deux gouvernements essentiels, en Région wallonne et au fédéral, ils ont un poids politique déterminant. Le PTB, lui, dit ne pas être prêt à gouverner, à moins que ne soient abrogés les traités européens. Quand ils le seront, je serai mort et oublié depuis longtemps… » On n’en est pas là.

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