Intégration: la guerre des mots

Petit rappel historique. Au MR, ce n’est pas Daniel Ducarme ni Didier Reynders qui, les premiers, ont pointé l' »échec de l’intégration » à Bruxelles, mais bien une femme de terrain, Françoise Schepmans, députée bruxelloise et actuelle première échevine de Molenbeek. C’était en 2002, dans les colonnes du Vif/L’Express.

A l’époque, Françoise Schepmans passa pour une dangereuse extrémiste. Autre précision historique. Elle ne dézinguait pas à gros traits l »intégration » (comprenez: l’immigration) mais parlait d' »échec des politiques publiques d’intégration ». Peu importe la nuance, l’analyse fut carbonisée par le PS, le CDH et Ecolo. Reynders monta-t-il au créneau pour la défendre ? Pas souvenir. Quand, en 2004, la même Schepmans déposa à la Cocof (l’assemblée des Bruxellois francophones) un texte prévoyant un parcours d’intégration des migrants (l’inburgering dont tous les progressistes francophones sont tombés aujourd’hui amoureux), elle fut accusée de « vouloir stigmatiser les personnes d’origine étrangère ». La petite phrase de Didier Reynders doit donc être replacée dans son juste contexte. Un épisode de sa guerre des mots avec Philippe Moureaux, le bourgmestre de Molenbeek. Match nul.

En réalité, la Belgique de Di Rupo est déjà ailleurs. Presque sans le dire, elle resserre tous les boulons de l’immigration: asile, regroupement familial, accès à la nationalité. Il est vrai qu’elle était allée très loin, les « yeux grands fermés », pour reprendre le titre du livre de la démographe française Michèle Tribalat sur l’immigration en France (Broché, 2010). Elle cherche donc à se défaire de sa réputation de pays de cocagne: beaucoup de droits, peu de devoirs. Mais l’intégration, c’est autre chose. Une mise en conformité avec les moeurs du pays où l’on vit sans oublier les trajectoires personnelles ou communautaires de chacun. Une affaire de (grande) sensibilité autant que de lois.

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