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Indépendance : la Flandre nationaliste n’a pas renoncé

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

En participant à la suédoise, la N-VA infiltre l’Etat belge pour réaliser son objectif confédéral. Sa stratégie : imposer la loi flamande aux francophones pour forcer le PS à être demandeur de nouveaux transferts de compétences. Avec l’espoir de concrétiser rapidement un principe démocratique prôné en Ecosse et en Catalogne : le droit des peuples à déterminer leur destin.

Non, le mouvement nationaliste flamand n’a pas renoncé à l’indépendance. A l’heure où l’Union européenne fait face à une vague sans précédent de velléités autonomistes, de l’Ecosse à la Catalogne, les partisans du séparatisme retrouvent des couleurs et de la voix. Ils espèrent un phénomène de contagion au sein de l’Union qui légitimerait leur quête historique.

Pourtant, le contexte belge est diamétralement opposé à ces élans populaires qui aspirent à une séparation avec Londres et Madrid. Chez nous, pas de manifestations de masse ni de consultation populaire. Au contraire : le fer de lance politique du combat indépendantiste, la N-VA, négocie sa participation au gouvernement fédéral au sein d’une coalition suédoise (N-VA, CD&V, Open VLD et MR) qui a inscrit un « stop institutionnel » à son menu depuis le début des discussions.

La N-VA sera-t-elle absorbée dans le giron belge et lissera-t-elle ses revendications nationalistes, comme l’espèrent les négociateurs du MR ? Ou fait-elle de l’entrisme, en espérant profiter de sa présence au gouvernement fédéral pour démontrer que la Belgique ne fonctionne pas ? La réponse à ces questions, au cours de cette législature, sera vitale pour l’avenir du pays.

La stratégie cachée du parti nationaliste pour l’après-élections, dévoilée début septembre par une note interne, est claire, précise et couchée sur papier. Un : il s’agit de composer une majorité flamande « forte et cohérente » exigeant de venir soudée à la table de la négociation fédérale, ce sera alors « une démocratie contre l’autre ». Initialement, la N-VA voulait se marier uniquement avec le CD&V et reformer en quelque sorte le cartel qui liait les deux formations entre 2003 et 2008. L’Open VLD s’est finalement invité à la table, à la demande explicite du président du MR, Charles Michel, suite au refus du CDH de participer à une majorité de centre-droit. Mais le principe est le même : des coalitions flamandes miroir se sont mises en place aux gouvernements régional et fédéral.

Deuxième axe de la stratégie : cette majorité flamande déploiera ses volontés politiques, à droite toute, et imposera le rythme à suivre. Finalité : « Si le PS s’aperçoit que les structures d’Etat belges ne sont plus au service de ses intérêts partisans, il deviendra lui-même demandeur d’un transfert de compétences. » En route vers le confédéralisme ! La décision du PS d’ouvrir rapidement des négociations avec le CDH et le FDF en Wallonie et à Bruxelles fut accueillie comme du pain bénit par les ténors de la N-VA. « Quand ils ont posé ce choix, nous nous sommes dit :  »Merci Magnette, merci Elio ! » », nous confirmait la semaine dernière Eric Defoort, un des fondateurs historiques de la N-VA (Le Vif/ L’Express, 12/09/2014).

D’ores et déjà, certains faits semblent valider l’option. A la volonté fédérale d’imposer des travaux d’intérêts généraux aux chômeurs, la ministre régionale de l’Emploi, Eliane Tillieux (PS), a déjà opposé une fin de non-recevoir. Et dans un entretien au Vif/ L’Express, cette semaine, le ministre-président francophone Rudy Demotte souligne être disposé à entrer dans un « rapport de forces » avec la suédoise si elle impose des diktats ne tenant pas compte des réalités au Sud du pays.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier.

  • Bruno De Wever, historien et frère de Bart : « Les militants N-VA veulent l’indépendance et c’est pour ça qu’on a fondé le parti »
  • Matthias Storme (Mouvement flamand) : « Les flamingants ne devraient pas participer à un gouvernement fédéral qui n’accomplira pas des pas en direction de leur objectif »
  • Jean-Pierre Rondas (Doorbraak, périodique nationaliste) : « La mise au frigo du communautaire ne durera pas »
  • Marc Swyngedouw (KUL) : seuls 7 % des Flamands sont favorables à l’indépendance »
  • Patrik Vankrunkelsven (ex-président de la Volksunie) : « Je ne vois pas comment la N-VA pourrait présenter dans cinq ans un bilan qui satisfera son électorat »
  • Bart De Wever, le Moïse anversois ?

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