Ilse Uyttersprot, bourgmestre d’Alost, piégée lors de ses ébats amoureux

Ilse Uyttersprot, bourgmestre actuelle d’Alost (CD&V), a été filmée à son insu lors d’ébats amoureux sur un site touristique pendant ses vacances il y a 4 ans. La vidéo a fait en quelques heures le tour de la Toile, relayée par les journaux à sensation du Nord et du Sud du pays.

Mis à part son côté insolite et anecdotique, dans quelles mesures cette vidéo pourrait-elle entâcher la bourgmestre? La principale intéressée interrogée par l’agence Belga a reconnu ouvertement les ébats et semble les assumer pleinement. Elle a déclaré: « C’est une scène privée avec mon fiancé et cela date d’il y a quatre ans. Je n’ai rien à ajouter ». Au cabinet d’Ilse Uyttersprot, on explique que l’intéressée était convaincue à l’époque que personne d’autre ne se trouvait dans les environs. « Les images ont été prises d’un endroit proche qui n’est quasiment pas visité », a-t-on indiqué. L’entourage de la bourgmestre, rempile de son côté, que « la situation n’a rien à voir avec la politique et n’a aucune influence sur l’engagement (de Mme Uyttersprot) pour la ville. » « Une bourgmestre se doit de donner l’exemple »

D’un autre côté, certaines voix s’élèvent au nord du pays pour mettre en avant le rôle public de Ilse Uyttersprot, représentante de sa ville, qui demande un minimum de dignité et de retenue en toutes circonstances. La bourgmestre, porte-drapeau des valeurs du CD&V, donnerait donc là un mauvais exemple.

Pour l’OpenVLD d’Alost, « l’argument de la vie privée ne vaut pas lorsqu’on détient un mandat ». « Certes, Ilse Uyttersprot n’a pas fait de faute politique, mais une bourgmestre se doit de donner l’exemple. » Pour Vera Van der Borght, « sa position est désormais fragilisée. Comment couper des rubans dans les écoles et faire encore des discours dans les écoles sur les valeurs? », ajoute-t-elle.

Dans le sillage de l’affaire DSK et du Twittergate d’Yves Leterme

Cette « sextape » n’est pas sans rappeler celle du Twittergate d’Yves Leterme. Alors en plein sillage de l’affaire DSK, le premier ministre avait été pris en flagrant délit de flirt SMS avec sa maîtresse présumée. Une frivolité et des mensonges très mal perçus en pleines négociations politiques. Le débat s’était là aussi focalisé sur le respect de la vie privée des politiques. A l’époque, Laurette Onkelinx avait déclaré: « Il faut le laisser travailler. Dans des circonstances difficiles pour la Belgique, il fait un bon travail. Pour le reste, c’est sa vie privée et qu’on le laisse tranquille. C’est indécent toutes ces informations sur ce qui ne nous regarde pas ». Selon Reynders, le premier ministre devait répondre de ce qui relève de sa vie publique et des décisions qu’il prend dans le cadre de sa vie publique. Tandis que d’autres personnes avançaient le fait que ce flirt était en contradiction avec les valeurs véhiculées par le CD&V, ou en encore qu’il le distrayait de ses fonctions professionnelles dans une Belgique en pleine crise.

Vers une presse tabloïd belge?

Un tel étalage de la vie privée de personnalités politiques est assez récent dans les médias belges. On peut dès lors se demander si la presse belge, qui avait jusqu’ici fait l’impasse sur les « scandales sexuels » de ses politiques, se dirige vers un traitement de l’information similaire à celle réalisée par les tabloïds à sensation britanniques, avec les conséquences que cela engendre comme des démissions et des mises à l’écart. De là à dire que cette vidéo poussera la bourgmestre d’Alost à la démission, le raccourci est grand.

En Flandre, l’affaire fait d’ailleurs plutôt rire. Elle est déjà référencée sous le terme « towergate » et par « torenpoepen » (néologisme qui peut se traduire dans ce cas par « fornicage sur une tour »). Ilse Uyttersprot serait, en effet, une « Bekende Vlaming » à la personnalité assez originale. Elle serait réputée dans son fief pour d’autres frasques. Un jour, par exemple, pour échapper à des pompiers en colère regroupés devant l’Hôtel de Ville, elle serait sortie par l’arrière du bâtiment déguisée en agent de police. Lors du carnaval organisé à Alost, Ilse Uyttersprot a aussi déjà été représentée sur un char en sous-vêtements…

Ca.L

3 questions à Michel Henrion, spécialiste en communication politique L’information a-t-elle été perçue différemment en Flandre et en Wallonie? « La différence de traitement médiatique de cette vidéo est flagrante entre le Nord et le Sud du pays. Alors qu’en Flandre, la vidéo a été considérée comme une information insolite et a provoqué un « grand éclat de rire », en Wallonie, elle a plutôt suscité la gêne, voire des réactions scandalisées. La raison: en Flandre, il y a une culture forte de « peopolisation », ceux qu’on nomme « Bekende Vlamingen » se retrouvent souvent dans la presse dite « à sensation » comme Dag Allemaal ou Story. C’est d’ailleurs Story qui a révélé l’affaire des SMS d’Yves Leterme. Le climat est donc assez différent. »

Sur la Toile, cette vidéo a très vite été relayée par les différents réseaux sociaux et ensuite par les sites des journaux. Sans réfléchir sur le fond?

« Dans la course au buzz et aux clics, on se trouve dans une situation de diabolisation de l’information et une certaine hypocrisie. Cette vidéo a certes le droit à l’image mais c’est à chaque média à juger de sa pertinence et de la manière dont il veut traiter l’information, que ce soit de façon factuelle ou avec plus de recul.  »

Cette vidéo que l’on pourrait qualifier de première « sex-tape » politique belge est-elle la voie vers plus de sensationalisme dans la presse belge?

« On est très loin du pouvoir de la presse à sensation britannique et cette vidéo n’aura sûrement pas beaucoup de conséquences sur la carrière politique de l’intéressée, même si la fonction de bourgmestre requiert une certaine prudence. Il ya aura certainement des discussions au niveau local, il ne faut pas oublier qu’on est à un an des élections communales. »

Propos recueillis par Ca.L

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